Valérian et Laureline vont bientôt apparaître sur grand écran et ce sera semble-t-il un grand moment de cinéma mais aussi une réussite pour une adaptation de BD. Et non des moindres tant Valérian de Christin et Mézières est unique. Occasion donc de rappeler le Valérian de Manu Larcenet.
Chez Manu Larcenet c’est la franchise qui prime. Et la spontanéité. Quand Dargaud a proposé à l’auteur de Blast ou du Retour à la terre, à la fin d’un repas, de faire un Valérian d’après la série mythique de Christin et Mézières, Larcenet a dit « pourquoi pas. Et je l’ai regretté toute la nuit ». Cet article a paru à l’occasion de la sortie de L’Armure du Jakolass. Par Jean-Laurent TRUC.
Angoisse donc mais dissipée au matin avoue Larcenet : « J’avais pris ma décision. Je ferai un Valérian mais qui ne serait pas une caricature, ni un album ambitieux. Et, de plus, je savais que je signerai une aventure de Valérian sans avoir à le dessiner car l’esprit du héros habiterait le corps d’un mec d’une banalité affligeante. En plus je paniquai même à l’idée de dessiner Laureline ».
On a donc un Valérian vu par Larcenet qui ajoute : « j’y ai apporté tout le respect que j’ai pour Christin, implacable au scénario, et Mézières, inventeur génial d’ambiances et de mondes. J’ai toujours été un fan de la série ». Larcenet a fait d’abord dix pages qu’il leur a montrées. Ils ont été ravis. « Cela m’a fait plaisir. La suite, je l’ai gardée pour moi », précise Larcenet.
Alors que dire de cette Armure du Jakolass, titre de l’album (Dargaud) ? Valérian a changé de tête. Un sortilège du Jakolass, une sale bête à la peau qui sert d’armure, l’a téléporté dans le corps d’un paumé de la vie, René, fidèle pilier du bar de banlieue Chez Francisque (clin d’œil à la série dans Fluide). Mais comme il y a urgence dans la galaxie, Laureline et Monsieur Albert retrouvent sa trace et l’embarquent dans une aventure hors normes. René le chétif, alcoolique notoire, avec sa petite moustache et son gros ventre, est bien un héros qui s’ignore.
« Ce n’est ni un hommage, ni un pastiche, ni du plagiat ». Manu Larcenet s’est tout simplement fait un gros plaisir « en toute liberté ». Et on le sent car émotion et humour s’associent à la perfection dans cette digression : « J’ai de la tendresse pour mon Valérian. Et pour que l’humour ait du sens l’émotion est indispensable ». Avec Manu Larcenet on est toujours surpris. Agréablement. Son scénario rebondit en permanence, étonne, angoisse aussi, avec de vrais méchants sans états d’âme. Larcenet a gagné son pari et ce n’était pas si évident.
Valérian par Manu Larcenet, L’Armure du Jakolass, Dargaud, 11,99 €
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