Un Teckel peut en cacher un autre. Le voila de retour le délégué médical le plus retors de l’hexagone et c’est désormais en politique qu’il va sévir, le bougre, bien décidé à révolutionner le Landerneau des pros de l’élection, des accros au pouvoir et aux subsides de la République. Fini de rire car le Teckel va jouer en première division avec sa grande gueule, sa nostalgie des Trente Glorieuses et de Giscard. On va l’aimer le Teckel, alias Guy Farkas, joyeux personnage de Bourhis qui signe le troisième épisode des ses aventures iconoclastes et a cédé par contre, et c’est bien, le dessin à un des coups de cœur de ligneclaire.info, Grégory Mardon.
Il déclame dans les bars, du Rimbaud, et ses états d’âme, ceux du bon peuple de France comme on dit qui en ras la casquette des énarques coupés de tout et décideurs pourfendeurs. Avec ses pantalons pattes d’éléphants, sa calvitie naissante, sa moustache, ses cigares et son sens de la formule, Guy Farkas a conquis son auditoire. Politiques fonctionnaires accrochés comme des moules à leurs rochers, et vlan. Mais attention, le Teckel n’est pas populiste, ni raciste, ni extrémiste. Il reste le Teckel qu’un président en place, et en chute libre dans les sondages, va croire pouvoir utiliser avec l’aide de sa boite de com. Il est enrôlé le Teckel, le plus beau, le plus fort, et on lui colle Aïcha pour le driver. La jeune femme est une spécialiste et aidée par une community manager qui en pince pour le sexagénaire, elle le lance dans les médias. Le Teckel est candidat à la présidentielle. On part petit mais le Teckel fait ses gammes. L’avenir va se forger avec l’énergie de la nostalgie. Le Teckel ne lâche pas sa proie mais il commence à trop en faire le candidat à la présidentielle. Il gène les moules sur leur rocher.
Une pépite ce tome 3 du Teckel qui tombe à pic, en temps et heure. Même si un certain F.H. a décidé de ne pas se présenter mais fait de la figuration dans l’album. Un sujet pas facile et traité pourtant avec humour et réalisme. Une somme avec les us et coutumes, le langage hermétiquement correct des communicants, leur toute puissance méprisante et leurs sondages qui se plantent. Bourhis et Mardon ne font pas dans le délire. Il y a du Coluche dans leur Teckel, pas du Macron, ni du grand-guignolesque Trump. Par contre tout peut arriver avec un Teckel et une Aïcha gentil mélange de Rachida et Najat sauf erreur. Il a du corps et du chien le Teckel, c’est bien normal. En laissant le dessin à Grégory Mardon, Bourhis a apporté un nouveau style au Teckel, plus finaud, ravageur et toujours humain même quand tout va mal. Un Teckel dont les formules sont pour la plupart à retenir, à méditer et un album qu’on relit pour le plaisir d’en savourer toutes les perles.
Le Teckel, T3 Votez le Teckel, Casterman, 17,95 €
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