Un récit familial en quelque sorte que celui de Jaime Martín avec Jamais je n’aurai 20 ans. La Guerre d’Espagne vécue par ses grands-parents en est le centre mais aussi, et peut-être surtout, le franquisme de l’après conflit, avec sa chape de plomb et une dictature sur laquelle les démocraties ont fermé les yeux jusqu’à la mort du caudillo. Jaime Martín déroule une histoire très linéaire, marquée par le destin de deux anonymes parmi des millions d’autres qui vont devoir survivre comme ils peuvent et ne pas se faire remarquer. Jaime Martín sera vendredi 4 novembre à la librairie Azimuts à Montpellier pour une séance de dédicaces. Le lendemain 5 novembre il sera à Narbonne à la librairie BD et Compagnie de 14h à 18h.
Un repas de famille, une balade à la campagne, des gosses qui jouent à la guerre, miment une exécution, la réaction des grands-parents est immédiate. On est à Barcelone à la fin des années 70. En 1936 la république espagnole vit ses derniers jours. Isabel, la future grand-mère est couturière et proche des mouvements syndicaux. Le poissonnier l’aime mais pas elle qui préfère Emilio. Isabel a un secret, elle ne sait pas lire. Le coup d’état plonge l’Espagne dans la guerre civile. Isabel dont les amis sont assassinés, Emilio compris, doit fuir vers Oran puis revient en Espagne où elle rencontre Benitez, un boxeur dans l’armée républicaine. Les combats font rage sous le feu des avions italiens et allemands. Isabel et Benitez vont survivre et se marier mais le franquisme traque les anciens républicains. Il faut échapper à la police, payer des pots de vin et faire même de la contrebande pour faire vivre leurs enfants.
L’Église toute puissante et sans pitié, les franquistes, la misère dans une Espagne où les vaincus sont méprisés et emprisonnés, ce sont les années d’exception qui méritent plus particulièrement l’attention dans cette biographie familiale. La guerre d’Espagne a été une tragédie qui en annonçait d’autres. Au sein même des Républicains les tensions, les luttes fratricides orchestrées en parti par Moscou ont aidé à détruire l’élan de 36. Enfin, l’Europe voulait la paix à tout prix quitte à choisir le déshonneur ensuite de Munich. L’Europe aura aussi la guerre. Jaime Martín a un trait clair, ferme et pénétrant qui donne un relief très humain à son histoire. Toutes les familles espagnoles ont fini par se retrouver dans une démocratie chèrement payée.
Jamais je n’aurai 20 ans, Dupuis, 24 €
Articles similaires