Avec le tome 3 d’Angel Wings, Objectif Broadway (Paquet), Romain Hugault et Yann bouclent un premier cycle qui finit en thriller et relance l’action. Pour la suite on restera pendant la guerre du Pacifique avec des horizons plus maritimes. Romain Hugault revient sur le personnage d’Angela qui renouvelle le style et le look des héroïnes de BD d’aviation. Il parle aussi du prochain cycle qui comportera trois albums. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Romain Hugault, ce tome 3 a volontairement un ton plus thriller ?
Oui. On le voulait absolument. Disons que le tome 1 a été la mise en place en particulier des personnages. Dans le tome 2 on a fait monter la sauce et dans le tome trois on y est allé franco, sinon on prenait le risque de s’essouffler.
L’intrigue est montée en puissance ?
Angel Wings est une histoire à tiroirs. D’autres choses vont arriver. Il y a des ouvertures dans cet album. On ne sait pas trop si Angela fait bien d’agir comme elle le fait. On va le savoir avec le tome 4 qui va tourner autour du projet américain de bombe atomique. Le sujet est très documenté par Yann avec des missions secrètes qui ont vraiment eu lieu dans le cadre du projet Manhattan.
On découvre aussi dans le tome 3 un lien avec l’OSS, ancêtre de la CIA, service de renseignement américain ?
Le lien existe depuis le début. On voulait parler des WASP, femmes pilotes US, et certaines ont été membres de l’OSS. On est à la fin du premier cycle. Et cette notion d’OSS va jouer un rôle dans le prochain cycle pour lequel on avait deux albums mais cela ne suffira pas. On part sur trois. A noter qu’on reste toujours dans le Pacifique. Je m’éclate comme un petit fou. Yann aussi.
Vous n’êtes pas tentés par un petit tour avec Angela en Europe ?
C’est prévu mais il faudra trouver une belle histoire. Il y avait aussi des femmes pilotes en Angleterre. Ce qui est génial c’est qu’on a plein d’ouvertures avec des personnages passionnants et c’est exactement ce qu’il nous fallait. On s’amuse totalement sur cette série et on n’a pas d’autres projets pour le futur immédiat. La guerre du Pacifique c’est tellement de matière et de pistes possibles.
Dans ce tome 3, combats de jungle, maquis et duels aériens forment un mélange détonnant. Les angles que vous utilisez dans le cadrage sont très ouverts.
Sur le front birman, il y a eu peu de combats aériens en 1944. Il fallait montrer tous les aspects du conflit. Pour les angles caméra je commence à avoir l’habitude. Il faut quand même se renouveler, ne pas se laisser aller à la facilité. Le côté terrestre se marie bien avec l’aérien. Cela a été très sympa à dessiner. Je suis en train de travailler sur des lagons, sur l’océan. On va passer des ambiances très vertes de la jungle à celle de l’océan très bleues. Ce sera plus lumineux.
Avec Yann vous veillez à l’exactitude du moindre détail.
Oui, bien sûr. Les cocardes de la RAF sur ce front birman sont bleu marine sur centre bleu plus clair. Si je ne mettais pas pas les bonnes cocardes ce serait un tollé. Plus on avance plus on découvre des trucs et on est de plus en plus pointus. Cela permet aussi de faire des avions d’exception certains peu connus. Les Japonais ont bien, par exemple, comme on le montre dans le tome 3 capturé un Mustang mais ils ne s’en sont pas servis en combat. C’est une liberté qu’on a prise et cela permettra de retrouver le pilote japonais plus tard dans l’histoire.
Vous montrez aussi des Américains d’origine japonaise en première ligne ?
C’est tout à fait authentique. Ce sont des Américains parlant couramment le japonais qui étaient utilisés aux transmissions, pour la traduction ou comme commandos infiltrés dans les camps ennemis. Ils rapportaient des infos. On verra aussi les camps de regroupement aux USA mis en place par défiance de cette population dans le tome 4. Mais la vie continuait. J’ai visité dernièrement à Los Angeles le musée sur les Japonais consacré à cette époque.
Il y a dans le tome 3 un petit côté polar bien noir.
C’est ce qui est chouette dans le personnage d’Angela. On ne s’y attend pas mais on comprend au fur et à mesure pourquoi elle sait se servir d’un Colt, survivre dans la jungle et manier poison ou autre. Il fallait aussi repenser et changer le style de l’héroïne dans la BD d’aviation qui est suranné. Soit c’est Lady X, la méchante, ou il y a la nunuche qui attend le retour de son fiancé. On a voulu redistribuer les cartes. En fait dans la suite seul un personnage masculin suivra. Ce côté très réaliste est aussi intéressant car on ne s’attachait pas pendant la guerre. Les pilotes savaient qu’ils seraient peut-être tués le lendemain. J’ai rencontré un ancien pilote de la seconde guerre mondiale qui était persuadé qu’il serait tué avant la fin du conflit et donc il n’avait pas de limites. Il vivait à 100 à l’heure. Il a survécu. Dans ce tome 3 Yann et moi avons voulu sortir du cadre. On a deux filles très glamour dans un environnement violent et on leur fait vivre des choses pas banales. J’espère que les lecteurs vont aimer.
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