Les brothers ont fait mouche. En signant La Lumière de Bornéo, titre de leur Spirou, Frank Pé au dessin et Zidrou au scénario s’inscrivent dans le peloton de tête des meilleures aventures revisitées du célèbre groom et de son ami Fantasio. Zidrou n’y est pas allé de main morte. Il a réussi le tour de force d’apporter poésie, romantisme, tendresse et petites touches sublimées à cette escapade légère et enthousiasmante que Frank Pé a modelé, case après case, lui insufflant une énergie et une finesse émouvante. Spirou retrouve en plus Noé. Bravo les brothers !
Il n’aime pas sa nouvelle patronne au Moustique, Spirou. Une pragmatique qui fait rimer journalisme et publicité, pas objectivité. Alors il claque la porte et se met à la peinture. Sauf qu’il hérite de la garde d’une ado, Fauvette, un soupçon rebelle et de surcroit fille de Noé, patron du Circo Mondo (relisez Bravo les brothers). Toujours aussi bougon, mais doué avec les animaux, Noé n’est pas un sentimental. Fauvette fait la tête et s’installe chez Spirou habillée de sa tenue de groom car elle a perdu ses bagages.Dans une célèbre galerie d’art on reçoit depuis peu des toiles sublimes dont personne ne connait le peintre. Des animaux y figurent mais avec un tel réalisme et pouvoir d’évocation qu’on parle désormais de zooïsme. C’est au Circo Mondo que se trouve la solution. Bornéo, l’orang-outang, est l’auteur des toiles mises en vente par l’associé de Noé alors que Champignac s’alarme de la prolifération d’un champignon inconnu.
Spirou porte des lunettes, et oui, fallait oser. Bien vu l’artiste car cela le rend plus proche, plus humain. Et puis il se fait draguer par une charmante prof de dessin. On soupçonne qu’il pourrait y avoir ouverture. Fleurette est elle-aussi un personnage important, clé de l’histoire, investie, fleur bleue. Zidrou joue avec son petit monde en magicien des mots, des histoires à niches aux sens cachés qu’il faut avoir la volonté de découvrir. Et Frank Pé apporte son talent, ses visions, son sens de l’accord parfait entre traits et desseins du scénaristes. Alors, oui, on peut parler d’un grand plaisir ressenti avec cette lumière venue de Bornéo non pas divine, restons prudent, mais douce, hors cadre habituel qui donne à Spirou et à Fantasio l’une des plus étonnantes partitions de leur répertoire.
Le Spirou de Frank Pé et Zidrou, La Lumière de Bornéo, Dupuis, 16,50 €
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