Hubert et Virginie Augustin se sont lancés à corps perdu sur les traces d’un dandy désabusé qui va pourtant trouver une femme capable non seulement de le comprendre mais de l’écouter. Monsieur Désire est une œuvre touchante, superbement écrite, dessinée et cadrée avec intelligence et précision. Oliver est revenu de tout dans une Angleterre victorienne coincée mais qui offre aux nantis un pouvoir discrétionnaire sur les serviteurs. Mais il peut y avoir des exceptions qui déroge à la règle.
Le riche Oliver s’ennuie dans son château, entouré de son valet et de ses domestiques menées d’une main de fer par une gouvernante acariâtre. Méprisant, imbu de sa personne, il reçoit ses amis alors que se prépare le mariage de la reine Victoria, séduit les femmes des autres, se bat en duel, boit et se bat. Nouvelle venue dans la domesticité, Lisbeth, petite campagnarde dodue et pas vraiment jolie va être obligée un soir de coucher son maître rentré soul et inconscient. Dès lors les rapports entre Oliver et Lisbeth vont se transformer en partie de confidences, d’aveux et d’écoute attentive de la part de la jeune servante. Mais Oliver est un chat qui aime s’amuser avec les souris avant de mieux les dévorer. Attachée désormais à son service en plus de ses tâches au quotidien, Lisbeth écoute, certaine qu’Oliver veut paraître plus dur qu’il n’est vraiment. Mais autour d’elle les jalousies s’accumulent alors qu’il n’y a rien entre elle et Oliver qui se met à lui raconter son enfance et sa jeunesse. Comme Oliver le dit à un ami, Lisbeth est plus fidèle qu’un chien et muette comme une carpe. Sauf qu’il finit par se prendre à son propre piège et ne peut plus se passer de Lisbeth.
Un portrait pointilleux et savoureux d’un homme et d’une époque. Lisbeth a le courage et l’honnêteté de refuser un destin écrit malgré elle. Une vraie chronique sociale et aussi une page de la comédie humaine qu’ont écrite Hubert et Virginie Augustin. On suit Lisbeth face à un prédateur subtil, vicieux puis qui cède avec une chance de s’en sortir grâce à elle. Émouvant, authentique, ce roman est un petit bonheur de tact et de délicatesse, encore une fois aux mots qui chantent sur un trait séduisant.
Monsieur désire ? Glénat, 17,50 €, Édition spéciale noir et blanc, 39 €
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