Un épisode méconnu pour ne pas dire oublié de la Guerre d’Espagne qui pourtant n’a pas été avare en tragédies. En 1937, avant Guernica il faut évacuer Malaga qui va tomber entre les mains des troupes franquistes. Les civils déjà cibles des bombardements doivent prendre la route qui mène à Almeria. Plus de 100 000 réfugiés vont fuir sous le feu des franquistes et de l’aviation italienne. Carlos Guijarro revient sur cet épisode sanglant en faisant témoigner une survivante de cette horreur programmée.
Février 1937, c’est la débandade à Malaga. Les Républicains doivent évacuer la vile la laissant sans défense face aux troupes franquistes qui annoncent clairement qu’ils ne feront pas dans la dentelle, extirper le péril rouge par tous les moyens, assassinats, viols, destructions. La population se jette sur la route en direction de Almeria, seule issue possible. Pas de nourriture, les villages traversés déserts, les bombardements et de la mer des navires franquistes tirent sur les civils. L’exode est un enfer que ne soulage que l’action des ambulances canadiennes venues aider les réfugiées. Des famille sont décimées, dispersées comme celle du témoin de l’album. Elles sont deux sœurs et vont vivre le pire dont la mort de leur père et de jeunes filles rencontrées dans leur fuite.
L’horreur totale, comme la connaîtront trois ans plus tard mais de façon différente les Français sur les routes de l’exode. En 1937, l’Europe entière à part quelques-uns se moque du destin de l’Espagne républicaine où Allemands et Italiens entraînent leurs aviations aux côtés de Franco. La France pourtant socialiste ferme les yeux. Sans oublier les rivalités internes et mortelles des Républicains sous tutelle partielle de l’URSS. Mais de cela les réfugiés de Malaga se moquent bien. Une vraie gifle pour les démocraties qui n’en sont plus, certes à une près. Munich se profile et bientôt 1939. Alors Malaga. Un excellent travail de Carlos Guijarro, dont le dessin est plus fort pour le passé que pour les périodes contemporaines. A découvrir par devoir de mémoire.
Promenade des Canadiens, Steinkis, 18 €
Articles similaires