Un parcours atypique, une expérience hors normes, celle de garde du corps des cibles potentielles de l’ETA en Espagne au moment où les Basques, au moins certains, se battent pour l’indépendance armes à la main. Salto est un gentil qui vend des bonbons, un dilettante à famille heureuse. Qu’est-ce qui va le pousser à devenir un body guard, un ange gardien qui va mettre en l’air, en prime, son bonheur familial ? Judith Vanistendael a rencontré Mark Bellido dont c’est la biographie partielle. De leur collaboration est sortie un ouvrage riche, décalé, qui n’est pas qu’un récit mais aussi une déclinaison graphique et chromatique en 360 pages.
Les terroristes de l’ETA tuent ceux qui ne sont pas pour l’indépendance du pays basque espagnol. On est au début des années 2000. Même si l’ETA depuis des années et la fin du franquisme traqué en Espagne comme en France n’a plus autant de force, il faut continuer à s’en protéger avec des moyens non officiels. Miquel vend des bonbons et veut être écrivain. Doux rêveur il adore ses enfants et sa femme. Soudain il a une idée, travailler comme garde du corps et en faire le scénario de son prochain roman. la demande est telle que Miquel est embauché sans formation et affecté avec une jeune femme par contre très professionnelle à la protection d’une personnalité. Miquel se transforme peu à peu et devient obsédé par son job auquel il consacre sa vie. Son couple explose et il est lui aussi une cible.
Très prenant comme récit qui a été écrit avec exigence, réalisme et beaucoup de sentiments. Les chiens de garde comme on les surnomme ont vraiment évité le meurtre de leurs clients face à une démocratie impuissante. Il y a une leçon à tirer de ce contre-terrorisme actif qui peut-être de nouveau de retour dans pas mal de pays. Jusqu’où peut résister l’équilibre d’un homme face au danger permanent et imprévisible ? C’est une autre leçon de ce très bon roman bien documenté.
Salto, L’histoire du marchand de bonbons qui disparut sous la pluie, Le Lombard, 22,50 €
Articles similaires