Timothée Ostermann avait besoin de boulot. Étudiant aux Beaux Arts, il se retrouve à plier des cartons dans un magasin Leclerc. Et il fait de cette expérience inattendue et pour le moins enrichissante un reportage graphique pris sur le vif. Ostermann décrypte la galaxie Leclerc avec le talent d’un journaliste d’investigation qui, en prime, saurait tenir un crayon pour dessiner. D’où des croquis de personnages qui existent vraiment, des gens normaux plongés dans un univers aux règles précises dont le mécanisme est bien huilé. De quoi appréhender différemment le Leclerc du coin lors d’une prochaine visite.
Il a la bonne vingtaine et se trouve un job dans un Leclerc alsacien, qui à part l’accent des employés et quelques mots d’un patois très spécifique pour un Français de l’intérieur (si, si !), n’a rien de différent d’un Leclerc du midi. Plier des cartons avec une machine faite pour ça, c’est ce que va faire Timothée après avoir été vite éduqué aux principes de la grande distribution sous houlette lointaine de Michel-Edouard. On ne rigole pas chez Leclerc. Efficacité, esprit maison, mais pas d’initiative, c’est parti pour la grande aventure. Timothée découvre qu’on jette chez Leclerc, même une barre au chocolat trouvée dans un carton. On ne la mange pas. Cela dit, c’est un coup à être malade ou finir obèse. Le Champagne aussi. Le gaspillage a des fois du mal à passer. On découvre des appareils et des outils dignes de la NASA. Tire-pal, un grand mystère. La hiérarchie est précise. Il y a aussi le facing, la place sur la gondole. On en passe. Il faut de tout pour faire un monde.
Car c’est bien un monde que celui d’un super-marché. Un monde à part avec ses particularismes et sa saga familiale dans le cas de Leclerc. On y croise tous les destins. On est dans la vraie vie que beaucoup refusent de reconnaître. Timothée Ostermann a fait une plongée en apnée, ethnologue d’un univers qui n’est pas en voie de disparition, paternalisme en plus pour faire bonne mesure. Leclerc de A à Z, il fait le tour du sujet et c’est étonnant, passionnant. Au fait, Michel-Edouard, grand collectionneur de BD, a-t-il eu droit à son exemplaire dédicacé ? L’album d’Ostermann est même en vente dans ses magasins.
Voyage en tête de gondole, Fluide Glacial, 19,90 €
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