Didier Comès s’est éteint mercredi dernier à l’âge de 71 ans. La très mauvaise nouvelle a été annoncée par les éditions Casterman. Avec lui nous quitte encore un grand de la BD franco-belge. C’est avant tout son immense maîtrise du noir et blanc dont on se souviendra. Dix de Der, l’une des se dernières œuvres restera comme un authentique chef d’œuvre. Son talent, son apport à l’histoire de la BD venait d’être célébrés à l’occasion de deux importantes expositions rétrospectives « A l’ombre du Silence » au BAL à Liège en mai 2012 et à Angoulême en janvier dernier dans le cadre du 40ème Festival de la BD.
Didier Comès est né pendant la deuxième Guerre mondiale à Sourbrodt, petit village germanophone du sud-est de la Belgique. Il y fréquentera les dessinateurs de la région : Hausman, Deliège, Macherot et quelques autres. Dessinateur industriel dans une première vie, Comès s’intéresse à la fois à la BD et à la musique. Percussionniste de jazz semi-professionnel, il se lance dans la Bande Dessinée en 1969, pour le compte du Soir Jeunesse. Suivront l’édition belge de Pilote et le journal de Spirou, pour de courts récits en compagnie de Paul Deliège.
C’est en 1973 que Comès entreprend son premier long récit en couleurs, Le Dieu vivant, une aventure d’Ergün L’Errant. Paru en 76-77 dans Tintin, L’ombre du corbeau dévoile déjà l’univers futur de l’auteur. Délaissant l’humour et la caricature, il propose un récit onirique et fantastique en choisissant pour héros un soldat allemand dans les tranchées de 14-18. Dès 1979, il publie dans le magazine A Suivre ce qui sera son plus grand succès, Silence. Ce livre lui vaudra la reconnaissance critique et publique. Comès y délaisse la couleur, approchant désormais le dessin à travers les masses du noir et du blanc, dans la plus pure filiation d’un Milton Caniff et en osmose avec son ami Hugo Pratt.
Suivent La Belette (81-82), Eva, huis-clos fantastique paru en 85, L’Arbre-Cœur (88), Iris (91), La Maison où rêvent les arbres (94), Les Larmes du tigre (2000) et Dix de Der (2006), où Comès revient sur un thème qui lui tient à cœur : la guerre – la Seconde. A travers une œuvre dominée par le noir et blanc et par des thématiques où coexistent le fantastique, le paganisme et la philosophie, Comès s’est imposé comme l’un des plus grands auteurs de bande dessinée belge de l’après-guerre.
Articles similaires