Si à l’époque l’événement avait marqué les esprits, pas sûr qu’aujourd’hui nombreux soient ceux qui s’en souviennent. En 1958, au moment où la guerre d’Indépendance fait rage dans une Algérie que la France considère comme territoire national, des joueurs de foot parmi les meilleurs des équipes métropolitaines, tous d’origine algérienne, s’expatrient pour former la première équipe nationale de leur pays. C’est cette histoire incroyable que racontent avec une grande objectivité et dans le détail Kris et Galic avec Javi Rey au crayon, un trait clair et éclairé.
Tout commence en 1945 par la manifestation de Sétif pour l’indépendance qui tourne au massacre. Des Français pieds-noirs sont tués. Les futurs joueurs de l’équipe nationale sont enfants et assistent à la répression terrible par l’armée. La guerre d’indépendance a commencé même si 1954 en sera l’année plus ou moins officielle de début. En 1958 Rachid Meklhoufi joue à Saint-Étienne. Il est contacté par ses copains membres du Front de Libération Nationale pour, avec d’autres joueurs célèbres s’enfuir de France, passer en Suisse et fonder une équipe algérienne. Ce qui, à l’approche de la coupe du monde sera un coup médiatique imparable. Ils vont le faire, neuf au total, jouer des dizaines de matches et valider sur le terrain une Algérie qu’ils ne veulent plus française. Ce qui n’ira pas sans sacrifices.
1958, c’est aussi le retour de De Gaulle aux affaires, sa volonté plus ou moins clairement exprimée de quitter l’Algérie. Il faudra quatre ans de plus, une incompréhension totale entre Pieds-Noirs et métropole, des milliers de morts, l’exode d’un million de Français, des massacres à Oran et des Harkis, pour en finir avec une guerre qui n’a jamais dit son nom. Si on avait pu régler le problème comme ces neuf joueurs sur un terrain… On ne refait pas l’Histoire. Par contre celle des neuf courageux footballeurs valait bien cet album parfaitement réussi à un détail près : si la reconstitution des ambiances, Algérie, Sétif, décors, voitures, frontière tunisienne est parfaite, il y a une erreur énorme, celle d’un Airbus ou autre quadriréacteur actuel avec bouts d’ailes relevés page 45 qui transporte en 1958 les joueurs. Bon c’est pinailler, mais un Constellation, un Bréguet deux ponts à hélices cela aurait été mieux. Cela n’enlève rien, on se rassure à la qualité éditoriale et graphique de cette aventure pour la liberté.
Un Maillot pour l’Algérie, Dupuis Aire Libre, 24 €
Bonjour
« un Constellation, un Bréguet deux ponts à hélices cela aurait été mieux. »
et pourtant Charles de Gaulle a inauguré à Alger en juin 1958 un biréacteur français, la Caravelle
Bonjour,
absolument mais les vols commerciaux sur Caravelle dont celui que j’ai pris enfant en 1961 de Colomb Béchar à Marseille ont été plus tardifs. Constellation, DC 6, Bréguet étaient courants. C’est plus le look du quadri qui détonne. Cela n’enlève rien aux qualités de l’album bien sûr.