Le tome 8 de l’intégrale de Buck Danny nous replonge certes dans les archives du journal Spirou mais aussi dans l’actualité politique internationale du début des années soixante. Jean-Michel Charlier qui, à cette époque mène de front Buck Danny, Tanguy et Laverdure et Barbe-Rouge, dont deux titres avec Hubinon, n’a jamais caché qu’il collait dans la mesure du possible avec l’actualité. En évitant si possible comme pour Ciel de Corée les foudres de la censure.
Dans les trois albums consacrés au retour des Tigres Volants qui ouvrent l’intégrale, Charlier fait directement allusion à la situation dans le sud-est asiatique. C’est le début de l’intervention américaine au Vietman où les USA envoient des conseillers militaires et des tonnes d’armes sur ordre de John Kennedy. Avec ses Tigres Volants, Charlier embarque Danny, Tumbler et Tuckson dans une aventure où ils deviennent, avec leurs copains pilotes, des mercenaires envoyés par les Américains à l’aide d’un petit pays, le Viet-Tan, près du Laos menacé par un méchant prince qui veut renverser le vieux roi. En prime le pays regorge d’un minerai rare et précieux pour les USA. On notera qu’à la relecture du Retour des Tigres Volants, Charlier fait allusion à un prince Sihanouk (le vrai nom du roi du Cambodge puis chef d’état de l’époque). Ce nom disparaît dans le tome 2, Les Tigres Volants à la rescousse.
Lady X ressuscite
Assez proche du scénario d’Alerte en Malaisie, le retour des Tigres Volants (Danny a fait partie de cette escadrille de mercenaires américains qui volaient pour la Chine en 1938) marque aussi la réapparition de Lady X, blonde, dangereuse et diabolique inspirée à Charlier par Hanna Reitsch, pilote d’essai allemande qui voulait en 1945 exfiltrer Hitler de Berlin. Tous les ingrédients sont rassemblés, traîtrises, duels aériens, héros, avions conformes, Tuckson gaffeur mais grand cœur, Holden qui prend de l’importance. Et le dessin d’Hubinon, qui cinquante après, conserve toute sa force, son efficacité et n’a pas pris une ride, intemporel, même quand on le compare à d’autres séries actuelles aéronautiques.
Le quatrième tome de l’intégrale est également une digression liée à l’actualité. On est au début de la conquête spatiale et les Soviétiques ont une longueur d’avance. Opération Mercury est le premier volume de deux où les Américains se font voler une capsule Mercury et son astronaute. Un sujet déjà évoqué mais autrement avec Un Prototype a disparu et toujours Lady X en première ligne. Au total, le constat avec ces Buck Danny, c’est que ce sont les grandes années de la série. Sans oublier que Charlier travaille aussi à Tanguy et Laverdure. Les scénarios des deux séries auront tendance à se recouper parfois, ce qui n’enlève rien à l’immense talent de Charlier et au vrai plaisir de se replonger dans Buck Danny.
Buck Danny, L’Intégrale 8, Dupuis, 24 €
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