Paul Cauuet dessine les Vieux Fourneaux sur un scénario de Wilfrid Lupano (Dargaud). Un feu d’artifice d’humour, de tendresse et d’émotion qui est devenu une série phare. Trois septuagénaires font de la résistance. La maison de retraite c’est pour les vieux. Pas pour eux. Paul Cauuet a donné vie aux trois terreurs du Sud Ouest. Avec naturel, classe et élan. Rencontre au Festival d’Angoulême avec Paul Cauuet. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Paul Cauuet, vous avez, dans Les Vieux Fourneaux, imposés les héros aussi par leurs traits ?
Les personnages sont déjà parfaitement décrits dans le scénario de Wilfrid. Ils existent. En fait quand je lis le texte je rigole. Donc c’est déjà très fort. Moi, je dois rendre l’histoire encore plus drôle par mon dessin, transmettre la même émotion. Il y a un très gros casting dans Les Vieux Fourneaux. Et un gros travail en amont. Je commence par le visage. J’envoie tout ce que je dessine à Wilfrid. A chaque fois avec des numéros et il me répond. Ensuite si il aime, j’affine.
Lupano et vous, c’est une histoire ancienne.
On se connaît depuis pas mal de temps. On avait cette envie en commun d’ancrer le récit dans le Sud Ouest. C’est pour ça que Les Vieux Fourneaux se passent dans un village qui ressemble à Moissac dans le Tarn et Garonne mais on n’a pas forcé le trait en particulier en n’employant pas des expressions typiquement locales.
Trois hommes et un couffin, Sophie est une jeune femme qui sait remettre les papis dans le rang.
Sophie est le quatrième Mousquetaire. Un peu le d’Artagnan du groupe et cela permettait de jouer sur le contraste des générations. Il y a toujours chez des parents l’angoisse de savoir ce qu’ils vont laisser à leurs enfants, leur héritage moral, comme ils vont réussir à les éveiller au monde. Et des gens de 75 ans ne parlent pas comme des jeunes d’aujourd’hui, un autre ressort de l’action.
Petite histoire et la grande se croisent souvent pour Antoine, Mimile et Pierrot ?
Ils ont des parcours qui collent à leur époque, celle de la guerre et des Trente Glorieuses. Le syndicalisme a été très présent dans ces moments de l’histoire de France. Dans le tome 3, à la fin de l’occupation en 1944, c’est bien la division SS Das Reich qui stationne dans le coin et remonte vers le Nord et massacrera la population d’Oradour. Pour la manifestation à Paris, j’ai repris celle du métro Charonne en 1962 contre l’OAS. C’est bien d’ajouter des précisions historiques. Il faut que ce soit très vivant. Les personnages doivent être humains et donc attendrissants.
Premier lecteur, vous êtes toujours étonné ?
C’est vrai que je suis le premier lecteur. Lupano me surprend toujours. Il ne va jamais là où je m’y attend. Je tiens bien mes personnages, de plus en plus. Je m’amuse beaucoup. Il va y en avoir de nouveaux dans le tome 4 qu’on attaque. On ne sait pas combien d’albums nous feront. Il faut trouver une histoire par album. Le scénario est presque fini mais je ne sais pas tout. Je travaille de façon traditionnelle sur un format entre le A4 et A5, au crayon et au feutre. Les couleurs sont numériques.
On parle de cinéma ? Vous aviez vu Les Vieux de la vieille dont les héros sont aussi des papis mais dans les années cinquante ?
Il y a une négociation pour une adaptation au cinéma. Pour le casting ce sera plus tard. Il y a une vraie volonté des producteurs. Pas de date avancée et je serai consultant. Avec Les Vieux Fourneaux, c’est un rêve qui est devenu réalité mais qui a demandé beaucoup de travail. Je suis totalement sur ces albums. Non, je n’avais absolument pas vu le film Les Vieux de la vieille. Je ne l’ai vu qu’après et ça n’a pas de rapport d’autant que la vision portée sur les seniors est tout à fait différente et d’une autre époque vraiment lointaine.
Vous avez été un lecteur BD précoce. Votre dessin a un petit air Uderzo.Vous lisez encore beaucoup de BD ?
Je lisais les BD de mon père et effectivement Astérix. Je suis passé adolescent à Jeremiah ou Blake et Mortimer. Aujourd’hui je ne lis presque plus de BD. Je suis devenu difficile dans mes choix.
Les Vieux Fourneaux, c’est une belle histoire aussi pour ses créateurs ?
Une très belle aventure car on touche tous les publics, tous les âges. C’est une série qui fait en plus l’unanimité, qui a été primée. Que demander de plus ?
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