Retrouver Asaf Hanuka est toujours une fête. Le tome 3 de K.O. à Tel Aviv est encore plus fort que les deux précédents ce qui n’est pas peu dire. Comment il fait Asaf pour survoler le débat d’une actualité qui prend à la gorge ? Un humour décalé – on le sait -, qui ne dit pas toujours son nom, une démarche d’équilibriste dont on sent qu’il flotte parfois au bord du gouffre, Asaf Hanuka assume ses sentiments, ses doutes et ses passions, ses angoisses. Avec une honnêteté désarmante et une autodérision irrésistible.
Comment expliquer le néant à son fils ? Un début en force pour ces histoires courtes, ces planches qui vont décrire la vie au quotidien d’une famille israélienne souvent soumise à la peur. Le néant, une notion du rien finalement qu’un missile peut venir conforter. Superbe le stade oral, grand dessin d’un père endormi qui va être attendri par le premier mot de son bébé. Il a bien du mérite Asaf avec sa petite famille, frère compris qui lui paye sa statuette en 3D. Il rêve souvent aussi et se lève la nuit, monstre affamé. Il est marrant, inspiré, émouvant, dépassé, un brin cynique mais si pétri d’amour inquiet.
Il faut vraiment avoir quelques repères pour encore mieux apprécier Asaf Hanuka. Difficile de le cerner, si tant est que cela soit utile, sans se rappeler où il vit. Son graphisme envahit ses pages, se singularise tout en adoptant des repères de cartoons et comics. Sa planche, 13 Novembre, la dernière de l’album, est bouleversante. Il est surréaliste, fantasque, illustrateur percutant. On n’oublie pas son album Le Divin. Un beau talent très attachant en perpétuelles recherches.
K.O. à Tel Aviv, Tome 3, Steinkis, 25 €
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