Le tome 2 de Abymes chez Dupuis. On y découvrait un Balzac meurtrier, affabulateur et à la limite de la démence. L’histoire du grand romancier revisitée par Valérie Mangin et Griffo. Cette fois, si Balzac est toujours la toile de fond de cette histoire dessinée par Malnati, les héros en sont des grands noms du monde du cinéma des années quarante. Henri-Georges Clouzot, le réalisateur bien connu, tourne un an après la Libération en plein procès du docteur Petiot, un film iconoclaste sur Balzac. Son producteur est un ancien résistant, Barrant-Rondeau, qui soutient à bout de bras le projet face à un Clouzot complètement caractériel et accusé d’avoir travaillé pendant la guerre pour les nazis. C’est vrai que Clouzot a signé Le Corbeau en 1942, un film remarquable mais qui fit scandale. Les communistes s’en servirent contre Clouzot suspendu à la Libération.
Des scènes tournées à l’insu de Clouzot mettent en cause aussi bien sa prétendue collaboration avec l’Allemagne que son attitude violente face à Suzy Delair, l’actrice décrite comme droguée, ou Bernard Blier mollasson et ajoutent au climat empoisonné du tournage. On est toujours dans la volonté de Valérie Mangin de mettre en Abymes sa trilogie, à savoir reprendre dans une même histoire une autre histoire qui en reprend moins fidèlement des passages. Elle y ajoute aussi une intrigue policière qui marche bien.
Autant le tome 1 était étonnant, autant le tome 2 demande une seconde lecture car finalement les héros ne sont pas si éloignés de nous ce qui peut empêcher dans un premier temps d’adhérer totalement à l’histoire et de la comprendre. L’Assassin habite au 21, Le Dernier des 6 pour le scénario ou Le Corbeau, génial Clouzot. Pas Peter Sellers dans la Panthère Rose bien sûr, l’autre.
Abymes, Tome 2, Dupuis, 15 € ou 30 € le tirage de tête
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