On continue notre sélection d’ouvrages atypiques et de qualité, étonnants et qui dépassent largement le simple cadre de la BD récréative ce qui n’a rien de péjoratif. On se penche cette fois deux deux titres, la réédition complétée des entretiens de Jean Giraud avec Numa Sadoul, Docteur Mœbius et Mister Gir. Le second est une leçon aussi de création et d’exigence par Alfred et Chauvel avec Daho l’homme qui chante.
Pour Giraud on est en terrain plus stable. De la BD certes mais à un niveau où il faut bien parfois s’accrocher aux pages, pas aux planches. Dans cette ultime édition Sadoul fait une somme.Première édition en 1976 c’est un peu le passé de Giraud, la seconde en 1992 c’est la transition et regards vers le futur. Pour cette troisième version on est dans la seconde vie de Giraud, évolution, révolution sur beaucoup de plans. Comme le dit Sadoul, cette somme est aussi celles des contradictions d’un homme qui crée son œuvre et lui-même au fil du temps et en même temps. Dire que ces entretiens sont du solide, du lourd, du pertinent mais parfois un peu difficile à digérer à la première lecture n’est pas faux. Reste que Numa Sadoul a réussi comme à chaque fois à extraire la substantifique moelle d’un Giraud-Gir-Mœbius génial complexe mais envoûtant, à l’image du titre. A déguster calmement pendant toute l’année qui vient pour retrouver un des plus grands du 9e art.
Docteur Mœbius et Mister Gir, Entretiens avec Jean Giraud, Casterman, 20 €
Étienne Daho c’est une autre histoire que proposent Alfred et David Chauvel. Encore que côté complexe il y aurait à dire sur le personnage. Ils ont suivi Daho au fil de son parcours de créateur qui explique, témoigne lui aussi sur son œuvre. Un album en contrepoint, Les Chansons de l’innocence retrouvée et Londres en toile de fond mais en dessins et aplats fauves. Un reportage aussi car Alfred et Chauvel rendent compte des phases créatrices de Daho, des son entourage du producteur aux musiciens. Promo, tournée, paroles des chansons, le processus est mis à jour mais en douceur et avec intelligence. Raison pour laquelle l’album accroche et séduit. Daho est un artiste à la fois prudent, pudique et majeur, incontournable. Un regret malgré la beauté de l’album : pourquoi ne pas y avoir ajouté un CD audio ? Lire les pages et écouter Daho aurait été le summum. Dommage.
Daho l’homme qui chante, Delcourt, 18,95 €
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