C’est à l’occasion de la sortie chez Dargaud d’Olympia, un album publié en 1984 dans (A Suivre) et désormais disponible dans une très belle édition en noir et blanc, que la galerie Barbier Mathon va permettre de retrouver l’œuvre de Philippe Bertrand pour une exposition du 10 décembre au 2 janvier 2016.

Il y a déjà cinq ans que Philippe Bertrand nous a quitté sur une dernière œuvre sensible et romanesque, l’adaptation du Montespan de Theulé. Mais avec Olympia dont de très belles planches figurent dans l’exposition qui lui est consacrée, Bertrand met en scène sur un scénario de Jean-Marie de Busscher une belle et longiligne jeune allemande, une vraie garçonne, au moment où communistes et nationalistes, après la fin de la première guerre mondiale en 1919, se battent pour le pouvoir.

Olympia c’est le parcours d’une tête en l’air, fille d’un général, qui va partir pour Berlin depuis sa Courlande natale que revendique les Soviétiques bolchéviques. Dans un milieu proche des corps-francs qui se battent contre les Spartakistes de Liebknecht et de Rosa Luxemburg, Olympia devient la cible d’une organisation ésotérique, le Vril, qui la veut comme sacrifice humain à leur cause. A noter, c’est amusant, qu’ils ont, sous le trait de Bertrand, un petit air des conspirateurs des Cigares du Pharaon.

Mais à Berlin on fait la fête en plus de la politique. Olympia est sur tous les fronts, devient plus mature et fini par se retrouver amoureuse dans les Freikorps avec un amant qui va mal finir. Une baronne sanglante un brin incestueuse, une ligne claire brillante, une Olympia qui charrie un érotisme très sophistiqué, Olympia permet de retrouver tous les fondamentaux du travail de Philippe Bertrand. Un album certes posthume mais qui est aussi une façon de ne pas oublier et de continuer à faire vivre le talent de Bertrand, de Linda aime l’art à L’Amour cash et bien sûr Le Montespan. Très belle préface d’Enki Bilal. Il faut aussi aller à l’exposition où en plus des planches des dessins couleur de Bertrand seront présentés.