En adaptant à nouveau un texte de Jean Raspail, un récit de voyage, Jacques Terpant a redonné vie à une Amérique au XVIIIe siècle où la France joue un rôle primordiale, au Canada certes mais aussi dans une très large part du territoire des États-Unis d’aujourd’hui. Son héros dans Capitaine Perdu (Glénat) sera obligé de rendre le fort qu’il commande alors que les tribus indiennes se révoltent et se battent contre ces Anglais désormais maître des lieux. Jacques Terpant revient sur ces épisodes méconnus de l’Histoire de France avec Ligne Claire.
Qui sont ces Français du bout du monde au moment où l’Angleterre devient la puissance coloniale de l’Amérique du Nord ?
Ce sont des gens qui ont mis leur peau au bout de leurs idées. De Saint-Ange est aussi un aventurier. Sa mission est de rendre au Anglais son fort car les Français ont signé le traité de Paris en 1760 et quittent l’Amérique. Mais il aimerait bien rester en Amérique sous drapeau français.
Vous avez adapté un texte de Raspail ?
Raspail a refait le parcours des découvreurs du Mississippi et en a ramené un journal de voyage. En fait ce que la France abandonne et qui ne l’a jamais vraiment intéressé ce sont des territoires immenses aujourd’hui états américains, Canada, et non pas comme on dit « quelques arpents de neige ». Il ne faut pas oublier qu’on laisse aussi la moitié de l’Inde et les comptoirs français. J’ai remis en perspective ces faits historiques en fouillant le sujet de l’Amérique.
Les Indiens était du côté des Français ?
Oui parce que les Français n’avaient pas eu avec eu une attitude méprisante. Pour les Indiens la présence française reste un âge d’or où il y a eu beaucoup de mariages mixtes. Sous Louis XIII, tout sujet baptisé Indien ou pas était sujet du roi de France avec ses droits. Cette époque s’est vraiment terminée avec la revente de la Louisiane aux Américains. De toute façon il ne fallait pas avoir espoir d’une Amérique française. Ce que les Canadiens n’aiment pas entendre. Les Français en Amérique ne tenait que par le soutien de la métropole. Louis XVI, lui, aidera les Insurgents, les indépendantistes américains contre les Anglais. Et c’est lui que l’on appelle au secours depuis l’Amérique alors qu’il va monter sur l’échafaud.
Vous avez mélangé grande et petite histoire dans Capitaine Perdu ?
Bien sûr. Les bases sont authentiques et j’ai étoffé de façon romanesque. J’ai fait mon petit Dumas. Il y aura deux albums et peut-être, un second cycle qui se passerait vingt ans plus tard. On a une importante documentation écrite sur cette époque mais pauvre en dessins. Mon héros Saint-Ange est né sur place et a peu d’informations sur l’actualité en France.
Vous faites une comparaison entre la France en Amérique et la France en Indochine ?
Oui mais il y a une différence de base, l’Indochine est une association de trois pays, Cambodge, Laos et Vietnam sous régime colonial et avec un clivage de la population. Il y a peu de colons français en Amérique contrairement aux Anglais et Hollandais qui y envoient leurs insoumis entre autres. La démographie fait l’Histoire et le Français n’immigre pas vraiment. Comme pour les Indiens en Amérique, des Français en Indochine ne voudront pas abandonner des peuples comme les Hmongs ou les Méos qui n’ont rien à voir avec les Viets et continuent à vivre aujourd’hui sans vraiment être intégrés. Les Indiens vivent ensemble. Il n’y a pas de race indienne, elle n’existe pas. Un Sioux vit comme un Sioux.
Capitaine Perdu va continuer sa course éperdue. Ensuite ?
Je suis sur le tome 2 de Capitaine Perdu. Si il y a un second cycle j’envisage des fiches sur ce que sont devenus les personnages. Je prépare aussi des scénarios sur différents sujets. Et puis peut-être quelque chose avec Jean Dufaux.
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