Il n’y a sur Terre que 3% d’eau potable, ce qui montre déjà une obligation vitale à l’utiliser à bon escient alors que nous la gaspillons allégrement. L’urgence de l’eau de Christian Baudu et Julie Wo au dessin, enquête à la source nous met en face de nos responsabilités. Une BD qui interpelle, fait froid dans le dos alors que l’année 2024 va battre des records d’augmentation de température, réchauffement climatique oblige n’en déplaise aux climatosceptiques. Direction la Bretagne par un été où la canicule dévaste tout pour une leçon édifiante.

Un jeune homme qui cauchemarde, que son chien réveille et qui a écrit un bouquin sur l’eau, Quentin Tiniak. Tous ses interlocuteurs sont persuadés qu’ils font de leur mieux. Une journaliste spécialiste de l’environnement l’interroge. Il part mais elle retrouve dans une épicerie où il achète des packs d’eau car on la lui a coupée pour facture non payée. Retour pour une dédicace dans une librairie, manifestations et Gwena la journaliste lui reproche d’avoir écrit un livre d’opinion bourré de clichés. Elle lui propose d’écrire quelque chose de plus documenté et lui fait rencontrer un chercheur du CNRS de Rennes. 2 milliards d’humains n’ont pas accès à l’eau potable, 14% d’augmentation de la surface des sols asséchés en France en 30 ans. A l’Observatoire des sciences de l’univers à Rennes les chiffres tombent. Excès de pompage des nappes, l’eau se fait rare. En France il reste 197 milliards de m3 d’eau douce disponible en moyenne annuelle. On en prélève 32 milliards dont la moitié sert au refroidissement des centrales nucléaires, 17% à l’agriculture et l’industrie, 33% à l’eau potable et alimentation des canaux. L’exemple de la Bretagne est flagrant le sous-sol est moins perméable, l’eau captée en surface et on frôle la rupture si il fait sec.

L’enquête est imparable. Croquis, explications argumentées, on est face à des évidences qui font la part entre vrai et faux. Faut-il désaliniser l’eau de mer, mieux utiliser les eaux usées ? Des pistes car la pression démographique explose. 148 litres d’eau potable en moyenne par jour et par habitant, dont 50 litres pour se laver ou 12,5 litres pour la vaisselle. Alors que faire ? Jouer la carte de l’intelligence collective, agir sous peine que l’eau manque, et que ce soit une catastrophe irrémédiable pour les générations futures. Après nous le déluge ? Pas cette fois. Un album à méditer très bien fait. Dessin, mise en page, découpage, parfait.

L’urgence de l’eau, Enquête à la source, Locus Solus éditions, 22 €