Ah, le bonheur des élections municipales dans les petites localités, le jeu subtil des alliances, le désintéressement vertueux des futurs élus prêts à tuer père et mère pour une place d’adjoint, les promesses tordues, les chaises musicales, les trahisons larme à l’œil, Lindingre et l’excellent montpelliérain Aurel en ont tracé un portrait au vitriol. Dans Rase Campagne pré-publié dans Fluide ils racontent le destin patriotique et politique d’une poignée de candidats sur lesquels les lecteurs pourraient coller les noms de leurs propres élus. En voiture, le pouvoir n’attend pas.
A Saint-Marcel-sur-Riselle, le maire Albert Richard élu depuis 17 ans va passer la main. Enfin, plus ou moins. Pas de suite, au prochain tour. Cette fois, il a un dauphin, Gérard Ligier, son futur premier adjoint qui lui succèdera dans six ans. Sauf que Ligier il le torpille le Albert Richard et monte une liste dissidente après avoir démissionné du conseil avec quelques autres Brutus. Reste à conclure des alliances pour déboulonner Richard, un vieux routard, un pro de l’élection, du bal des pompiers et du goûter des vieux réunis. Socialos, écolos, chasseurs, sans compter sa propre famille déglinguée, Ligier a du soucis à se faire si il veut ceindre l’écharpe. On va pas lui en épargner une au fils prodigue qui crache dans la soupe. Qui va tirer les marrons du feu ? Il a encore des réflexes le maire sortant et quand il y en a a pour un il y en a pour deux.
Du vécu, du grandiose, du réel trempé dans le bon jus de nos campagnes ou de nos patelins, et de nos grandes cités sauf que l’échelle est différente. On a même pas besoin de se demander si Lindingre a brodé, ni si Aurel a déliré avec son dessin acerbe et qui griffe. On peut témoigner de cette basse-cour qui nous gère. Certes il y a des exceptions. Ah bon ? Et où ? De quoi mourir de rire à en pleurer.
Rase Campagne, La politique vue d’en bas, Fluide Glacial, 14 €
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