Il aura été avec Simone Weil l’une plus grandes figures françaises du XXe siècle. Robert Badinter avait une foi inébranlable en la justice que pourtant il sera amené à réformer pleinement en faisant abolir la peine de mort. Son parcours est hors normes et aurait pu lui être fatal, le faire mourir comme la plupart des siens dans une chambre à gaz. Son histoire a trouvé en Pascal Bresson au scénario, Christopher au dessins deux hérauts pointilleux, sincères et admiratifs tout en étant objectifs pour raconter sa vie en BD à partir du livre Robert Badinter, l’homme juste de Dominique Missika et Maurice Szafran chez Tallandier.
Le Panthéon c’est le cénacle des grands hommes. Hugo en est l’hôte et il était pour Badinter la référence suprême. Hugo bien avant lui avait travaillé au corps le législatif pour supprimer cette peine de mort inique, inutile et horrible. Un cri de l’âme de Hugo estimait Badinter. En 1972 il va assister à l’exécution par la guillotine de son client Roger Bontems. Il sera présent lors du simulacre qui jusqu’au dernier moment éviterait au condamné de savoir qu’on va le tuer. La scène est terrible et scellera l’ultime conviction de Robert Badinter pour tout faire en faveur de l’abolition. En répondant à une jeune étudiante en master de droit Robert Badinter déjà âgé va partager avec elle le récit de sa vie. Il se souvient avec son père en 1937 de Blum président du conseil, juif comme eux. Un socialiste à la tête de la Gauche. Chez les Badinter on n’ignore pas l’antisémitisme. Robert né en 1928 a une grand-mère fantastique, Idiss qui n’ignorait rien de la montée de la haine raciale. Vacances en Bretagne mais la guerre en septembre 1939 désespère son père qui décide de partir de Paris pour Nantes. La défaite et le père de Robert les fait passer en zone libre puis revient à Paris. 1941, les Juifs sont pourchassés. Nouvelle étape à Lyon et son père est déporté, son oncle et sa grand-mère aussi.
Un début dans la vie où la mort et la tragédie le marqueront à jamais lui le futur avocat mondain, brillant qui ira se former aux USA à la fin de la guerre. Maître Torrès sera son mentor. La suite c’est un combat sans faille, l’agrégation de droit. Badinter est infatigable, proche de Mitterand. 1981 sera le tournant décisif. Lire la vie de Badinter c’est plonger à sa suite dans une page de notre Histoire à la suite d’un grand honnête homme. Tout est dit et bien dit dans cet album sans faille. A noter que Robert Badinter n’a jamais voulu écrire ses mémoires.
Robert Badinter, L’homme juste, Marabulles, 22,95 €
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