Riad Sattouf sera en dédicace jeudi 24 octobre 2024 à la librairie Azimuts à Montpellier de 14h15 à 16h15 et enchainera avec une rencontre à la Médiathèque Émile Zola à partir de 17h animée par Ligne Claire. Il viendra bien sûr pour son nouvel album, un spin off de L’Arabe du futur, Moi, Fadi, le frère volé, Tome 1 (1986-1994). L’Arabe du futur avec 3,5 millions d’exemplaires vendus des six tomes a placé Riad Sattouf dans les grands et mérités phénomènes de la BD. Son enfance en Syrie puis en France, son adolescence, la guerre en 2011, Riad laisse son petit frère Fadi se raconter, se raconter aussi leur vie. L’autre bout de la lorgnette par un enfant enlevé par un père pas vraiment sympa, mythomane, violent, religieux avec une bonne dose d’antisémitisme. Sattouf a mis en images les entretiens réalisés avec Fadi en 2011 et 2012.
Un petit garçon chez sa grand-mère au cap Fréhel avec Riad et Yahya, les œufs de Pâques, un gentil gamin que ses frères embêtent. Une maman qui le sauve et la victoire avec les Kinder en prime. Une maman adorée à Rennes, malade, chimio qui a un copain sympa. Riad dessine déjà et a sa chambre. Sa mère se détache complètement de son père Abdel. Flash sur la game Boy mais trop chère. Le père débarque, cadeaux, charme, pas vraiment la joie, jaloux, qui parle en permanence de la Syrie à Riad. Pas question pour sa femme d’y retourner même si il se dit très riche. Il est docteur mais pas en médecine, en Histoire. Euro Disney pour les grands frères. Il est très gentil avec Fadi. Opération séduction. Enlèvement et direction la Syrie par Rennes, Paris, une Game Boy en prime. Fadi demande si sa maman va les rejoindre, Riad et Yahya? Pleurs, peur, mensonge, arrivée mouvementée, bakchich. Dès lors Fadi va lentement passer du français à l’arabe. Une maison un brin délabrée, présentation à la famille. Coup de fil à maman qui pleure, le père qui la rend responsable. Coupe de cheveux et il ressemble au président Assad.
Une éducation syrienne, arabe, musulmane, une nouvelle femme pur le père, un jeu très malsain de tentative d’achat des sentiments, un copain, l’école violente pour Fadi le Français. Le texte de Riad Sattouf joue un grand rôle, supporte son dessin. On a de la peine pour ce gamin paumé qui pourtant une gentille maîtresse à l’école. Leçon anti juive par Abdel, il faut détruire Israël. Fadi-Platini roi de la cour de récréation, une leçon d’Histoire pour comprendre la Syrie de El-Hassad l’alaouite chiite mais Abdel est sunnite. Fadi va être aussi le conseiller matrimonial de son père. Une vie nouvelle qui doit absolument nier, effacer la première, c’est le but, le reniement total. On ne dit pas tout bien sûr. Difficile de rester insensible (même si on retrouve en partie) L’Arabe du futur et de ne pas détester le père car il y a beaucoup d’émotion dans ce premier tome remarquablement écrit. Du grand Sattouf.
Moi, Fadi, Le frère volé, Tome 1 (1986-1994), Les Livres du futur, 144 pages, 23 €
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