Une bien jolie pépite parmi tout ce qui sort de la vaste et prolifique mine de la BD. Un album rare à plus d’un titre qui nous dit que que la fée bleue de Pinocchio a bien existé, a été une enfant qui inventait des histoires malgré une méchante sorcière et était bien sûr une Fille aux cheveux turquoise. Rien d’étonnant donc qu’elle ait été la muse de Carlo Lorenzoni dit Collodi comme le raconte avec gentillesse et émotion Elena Triolo en 176 pages. On a va suivre ses premiers pas, la voir grandir, inspirer le grand auteur italien, être très malheureuse de perdre un enfant comme lui, devenir tardivement un personnage à la célébrité nationale, passer à travers une guerre mondiale. Elena Triolo a une belle plume, sait conter et dessiner. Un livre tout public mais que l’on peut conseiller aux plus jeunes adolescents.

1872, la petite Giovanna a un papa jardinier, Michelone, qui a planté de belles roses à la demande de sa patronne Madame Luisa Lorenzoni. Giovanna les a toutes coupées pour gentiment lui faire un bouquet. Erreur peu appréciée par l’épouse de Paolo administrateur d’une grande usine. Grondée Giovanna très triste qui se racontent plein d’histoire et a très peur de la sorcière au marteau. Mais qui est ce monsieur qui la voyant pleurer l’appelle Marianna ? C’est Carlo frère de Paolo qui trouve Giovanna merveilleuse. Elle va grandir un peu et vit heureuse sans grand besoin. Elle rêve et retrouve un été Carlo qui la gave de bonbons. Giovanna lui demande une histoire. Carlo lui dit que si elle croit aux sorcières alors elle doit aussi croire aux fées. Il lui raconte Barbe-Bleue et lui fait remarquer que elle a aussi des reflets bleus dans les cheveux. Giovanna sait raconter des histoires, celles du soir avant de dormir et soudain elle lui parle d’un homme en bois qui faisait des farces à tout le monde. Carlo reviendra quelques années plus tard. Giovanna devient camériste de sa belle-sœur Luisa. Elle est très heureuse mais il y a un bien curieux perroquet qui rapporte tout. Carlo l’assure qu’elle sera dans son livre pour ses cheveux bleus.

L’écriture graphique comme narrative de Elena Triolo est superbe, les mots danses, son crayon vole. Avec passion, intelligence et talent. C’est un tout cet album, un OVNI qui fait du bien au cœur et à l’âme, une histoire vraie comme un beau conte de fées justement. Avec ses joies, ses peines, Giovanna et Carlo se parlent, la magie des images, la sensibilité de chaque mot pour deux destins qui se complètent et auront le même chagrin sans vraiment le savoir. Une occasion de lire ou relire le livre de Collodi, un Pinocchio beaucoup plus dur cependant que le version Disney.

La Fille aux cheveux turquoise, Éditions Anspach, 24 €