Œuvre fantasque et fantastique, décalée à souhait, écrite par le nom moins exubérant, inventif Joann Sfar sur un dessin de Tony Sandoval très inspiré. Un beau duo pour ce Paris des dragons qui raconte une histoire incroyable. Et si les dragons avaient été de retour au début du XXe siècle à cause d’une sirène et d’une reine qui s’aimait d’amour tendre ? De toute façon une sirène tout le monde l’aime. Résultat les Parisiens vont rigoler un coup tripes à l’air.
Au début il y a eu un dragon, le premier, et un chevalier tout autant numéro un de l’espèce. Il dormait avec son épée quand un jeune dragon lui a fait une lichette, l’a réveillé. Ils s’entretuent, balle au centre et tuerie généralisée dans la foulée. Les humains gagnent le match et le dragon se raréfie. Et si en reste un où se planque-t-il de nos jours ? Autrefois si Paris déjà valait bien une messe c’était une bourgade. Le moine Mabillon (oui on sait la station de métro) entretenait l’église Saint-Germain et ses salades. Quand débarque un dragon et Mabillon s’en fout. Des chevaliers en arme débarquent aussi. Mabillon bon cœur planque le dragon en le faisant passer pour une sculpture et dit aux abrutis casqués qu’il le mettra en haut de son église. Ils sont bourrés les chevalier et il y en a un qui veut qu’on fasse aussi sa sculpture à mettre à côte de la bête écaillée pour rappeler le combat de Saint Michel. Si il le fait Paris deviendra grosso modo le centre du monde. Mille ans après bingo, Paris a presque les J.O. Sauf que sur l’église Saint-Germain il n’y a pas de dragon. Il est allé faire un tour. En 1900 on aime bien les foires, les combats entre la reine des Caraïbes Kapa’akea, une douée de la mandale qui gagne tous ses combats. De la forte femme qui se fait avoir par des malfaisants à flingue. Lui reste plus que l’amour, enfin dans un bouge où il n’y a que des cas d’espèces, des créatures bizarres. Avec son houkoulélé (cher à Joann) elle essaye de détendre l’atmosphère. Jusqu’au jour où la sirène, une vraie, a ses vapeurs parmi la troupe.
Et les dragons me direz-vous, ce en quoi vous aurez raison ? Ils vont débarquer un peu par hasard ou bêtise. Et là faut pas réveiller le dragon qui dort et qui de ce fait fait aussi ré-ouvrir les paupières écaillées à tous les autres, surtout les statufiés. On se régale parce que c’est vraiment du Joann Sfar dans le texte, joyeux, aux dialogues pétillants. Il fait comme Jésus pour Mabillon. On n’en dit pas plus. Tony Sandoval le suit avec tout autant de joie dans son dessin que l’on a toujours aimé. Rien ne vaut la bonne du curé qui remplit les burettes et pourrait bien être ce qu’elle ne semble pas être.
Le Paris des dragons, Éditions Glénat, 20,50 €
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