Un retour attendu, espéré, celui du Chat du Rabbin qui nous fait un petit coup de déprime. Joann Sfar ne nie pas que l’évolution de sa vie familiale a, en quelque sorte, réveillé le chat qui sommeillait en lui. Il fait la gueule le chat quand il apprend que Zlabya attend un enfant, un usurpateur finalement, qui va lui piquer sa place de favori adoré et de Dieu du foyer.
Il avait pas déjà pas vraiment aimé qu’un mec épouse sa brune, le chat. Mais cette fois, un troisième larron va envahir son territoire vital. Pire il ne sera jamais le père des enfants de sa belle, un comble. Alors il monologue le chat, témoin acerbe et pointilleux du couple. Zlabya le voit bien en nounou sauf que des fois des chats ont sans le vouloir étouffé des bébés dans leur berceau. Il est pris au piège, le futur exclu, qui ne sera plus le centre du monde. Il voit des renards. Il aurait même tendance à essayer de trouver refuge dans la religion et discute avec son rabbin, va à la synagogue. Il le boufferait aussi le bébé et puis il se barre le matou, fait copain avec un rat qui lui montre que les femmes sont parfois difficiles à comprendre, des traîtresses à qui il va jouer un sale tour. Faut qu’elles payent avant de finalement se dire que Zlabya il l’aimera toute la vie .
On sent évidemment que le discours de Sfar a une part personnelle dans ce tome 6. Ce qui est encore plus émouvant de sentir qu’il est un peu paumé, sans vrais repères car ceux qu’il avait ont explosé en vol. Sfar ou le Chat ? Destruction, lézardes, reconstruction, religion, exil, comme le chat, il va y avoir du chemin à faire. Retrouver l’espoir et l’amour, sa famille. On aime cette démarche tendre et en finesse, sans colère, bercée par un Sfar qui se livre en toute sincérité dans un retour du Chat qui fait du bien au cœur. Et dont on espère que le félin se chargera un jour d’éduquer le bébé de sa maîtresse.
Le Chat du Rabbin, Tome 6, Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi, Éditions Dargaud, 12,99 €
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