A ne pas manquer un hommage à Wolinski chez Huberty & Breyne à Paris dès le 13 septembre 2024

On l’avait annoncé mais on revient sur l’information car c’est un évènement qui méritait des précisions supplémentaires dont une biographie. Et auquel il faut aller si on est à Paris. Coïncidant avec le 90ème anniversaire de la naissance de Georges Wolinski (né en 1934 à Tunis), l’exposition chez Huberty Breyne en forme d’hommage de 70 dessins, parmi les plus représentatifs de l’œuvre de l’artiste, met en lumière les thèmes favoris et les différentes formes d’expression : du dessin d’humour à la planche de bande dessinée, de l’étude au dessin publié, en noir et blanc comme en couleur où viennent se mêler insolence, rire, amour, passion, dérision. Pour la première fois depuis la disparition du dessinateur en 2015 dans l’attentat de Charlie Hebdo, la galerie Huberty & Breyne à Paris présente avec l’exposition Wolinski, une sélection exceptionnelle de ses dessins. L’exposition a lieu du 13 septembre au 26 octobre 2024. Le vernissage est le jeudi 12 septembre 2024 de 18 h à 21 h.

Georges Wolinski Comme le dit le communiqué très riche de la galerie et à juste titre, plonger dans l’œuvre de Georges Wolinski, c’est accepter de se faire bousculer. C’est accepter, aussi, d’aborder un travail mêlant autobiographie et fiction, toujours ancré dans la réalité de son temps, toujours sincère. Dans son œuvre et dans sa vie, Wolinski est un jouisseur et un fervent adepte de la dérision. Un homme qui aime les cigares et les femmes. Lui-même souligne avec humour et distanciation qu’à force de côtoyer des féministes, il a bien fallu se rendre à l’évidence : il est « un sale phallocrate » et les femmes sont l’avenir de l’homme. Comme une évidence et un paradoxe. Lui qui s’est très tôt prononcé pour le droit à l’avortement et l’égalité salariale, à la lecture de ses dessins les plus graveleux et les plus grivois, se révèle à la fois un sale gosse et un amoureux transi, un faux méchant et un vrai bourru, bref, un timide qui se soigne, et qui fait rire les femmes.

Georges Wolinski Georges Wolinski détestait la facilité. L’énergie de son trait est entièrement au service de ses idées. Il cherche systématiquement à réfléchir et à faire réfléchir, se donne lui-même parfois tort. Il s’y emploie de toutes les manières, ce que reflète parfaitement son travail : de la provocation la plus pure lorsqu’il s’agit d’imaginer des couvertures d’Hara Kiri ou de Charlie Hebdo jusqu’à la poésie, l’évasion de ses bonhommes solitaires déclamant des odes au soleil ou se lovant dans des bouquets de fleurs. Ce fut surtout un homme revendiquant le droit à la contestation et défendant la liberté d’expression, valeur cardinale de la société française. Des années de Gaulle à celles de Hollande, les dessins de Wolinski retracent ainsi l’histoire politique française mais aussi celle de l’évolution des mœurs.

Georges Wolinski Parcourir l’œuvre de Wolinski c’est également se remémorer l’histoire récente de la presse, du Potache libéré, son fanzine réalisé au lycée, à ses collaborations professionnelles dans des médias allant de Rustica à Charlie Hebdo en passant par Hara Kiri, Bizarre, L’Enragé, Action, Le Journal du Dimanche, Libération, Le Nouvel Observateur, Le Point, L’Humanité, L’Écho des Savanes, Phosphore ou encore Paris-Match. L’évolution de son style graphique, au tout début influencé par les dessinateurs du magazine américains culte Mad et par Albert Dubout (1905-1976), est à l’image de l’évolution de ses idées et de ses prises de position. Son style, caractérisé par l’épure et l’efficacité, s’affine avec le temps et devient une marque de fabrique. S’il privilégie l’encre de Chine à ses débuts, Wolinski se tourne rapidement vers le feutre dont le trait plus régulier est irrémédiablement associé à sa signature. C’est sans doute pour cette raison qu’il est régulièrement, au fil des années, sollicité pour répondre à des commandes publicitaires, choisissant avec rigueur celles qui pouvaient offrir un nouvel espace de liberté.

Georges Wolinski Georges Wolinski est également reconnu pour ses bandes dessinées : Georges Le Tueur, Cactus Joe… Parfois, il s’exprime en tant que scénariste seulement, aux côtés notamment de Georges Pichard (1920-2003) pour la fameuse saga Paulette. Il fut également un éditeur à l’œil avisé comme on peut le voir pendant ses dix années en tant que rédacteur-en-chef de Charlie Mensuel, révélant au public des artistes tels que Guido Crepax, Dino Buzzelli, Benito Jacovitti, Francis Masse, Quino, Max Cabanes, Willem, et réhabilitant les auteurs classiques américains tels qu’Herriman, Schulz ou encore Smythe. Dans ses planches et tout au long de son œuvre, Wolinski savait imposer son sens du découpage, et fascinait aussi par son sens des dialogues. Chaque planche de Wolinski est une leçon de rythme et de séquençage.

Georges WOLINSKI (1934 – 2015)

Georges Wolinski
Georges Wolinski. Guillaume Baptiste – AFP ©

Georges Wolinski est né le 29 juin 1934 à Tunis. Après des études d’architecture à l’École des Beaux-Arts de Paris, il fait paraître ses premiers dessins dans la revue Rustica.  En 1961, il intègre l’équipe d’Hara-Kiri où il réalise, entre autres, une adaptation dessinée de La Reine des pommes de Chester Himes. En 1968, il publie dans les très engagés L’Enragé et Action des dessins audacieux sur des sujets qui deviennent ses thèmes de prédilection : le sexe, la société, la politique. Rapidement, le succès est au rendez-vous, faisant de lui l’un des dessinateurs de presse les plus populaires de France. Collaborateur historique de Charlie Hebdo avec Gébé, Reiser, Cabu, Fred et Topor, il travaille aussi au Journal du Dimanche, à France Soir, L’Humanité, Le Nouvel Observateur ou encore Paris Match. Auteur de bandes dessinées et de très nombreux recueils de dessins, il est également un grand découvreur de talents, ayant publié dans Charlie Mensuel, dont il fut le rédacteur en chef de 1970 à 1981, des dessinateurs alors peu connus en France comme Guido Buzzelli, Charles Chulz ou Guido Crepax. En 2005, il obtient pour l’ensemble de son œuvre le Grand Prix de la ville d’Angoulême. Le 7 janvier 2015, il est assassiné à Paris lors de l’attentat contre Charlie Hebdo.

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