C’est encore un domaine qui reste partiellement un tabou. La folie a ses clichés même si la psychiatrie moderne est une spécialité médicale maîtrisée, en évolution permanente. Avec Les Âmes fendues un titre parfait, évocateur pour aller découvrir de près ce qu’est un hôpital psychiatrique, un monde qui a ses repères, ses malades dont parfois on a peur, nos fantasmes à son égard. Un superbe et intelligent travail de Xavier Bétaucourt (Derrière le rideau) et Jean-Luc Loyer qu’on lit avec plus que de l’intérêt, de la passion car enfin face à une réalité honnête, expliquée et maîtrisée sous un trait pertinent.
Près d’Angoulême il y a l’hôpital Camille Claudel, qui n’a pas eu une vie très facile on le sait. morte en 1943, que Rodin a maltraité. Il y a des fous dans cet établissement psychiatrique, enfin des malades qui souffrent de multiples pathologies. Autisme, schizophrénie pour 70% des cas, on trouve toutes les installations anciennes qui sévissaient, violentes avant les médicaments de la psychiatrie moderne qui commence au milieu du XIXe siècle. La guide parle des transformations, des suicides à l’époque. Mais maintenant le corps médical échange sur les patients, consulte, traite, intègre les malades. Qu’il faut gérer avec patience, humanité. Les moyens actuels, scans ou autres permettent de mieux poser les diagnostics. Milieu fermé mais aussi ouvert afin qu’une réintégration sociale soit possible.
Rien n’est occulté dans les Âmes fendues. Les témoignages sont à la fois déroutants mais authentiques. Personne n’est à l’abri, qu’elle est la famille qui n’a pas été touchée ? Soignants et patients forment un ballet singulier, attachant et émouvant. Camille Claudel joue la carte justement de la famille, de sa solidarité, de savoir prendre soin de soit pour aider son enfant concerné. Un vrai livre nécessaire qui démine un terrain mal connu avec en plus un dessin qui colle à des textes où l’espoir est roi.
Les Âmes fendues, Éditions Steinkis, 22 €
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