Un conte moyenâgeux avec son lot de méchants, de princesses, de violence et de fous, Zidrou qui ne se refuse jamais de raconter une histoire a signé Bouffon sur une mise en dessin de Francis Porcel qui sera à Montpellier chez Azimuts le 15 octobre en dédicace. Avec un sens du dialogue que n’aurait pas renié Audiard, il scande le chemin pavé de ronces d’un petit monstre qui deviendra grand un prince charmant. Mais n’anticipons pas et gardons la fin à découvrir pour les lecteurs.
Une pauvresse qui pensait qu’on allait la remercier d’apporter une missive au château se retrouve aux oubliettes. Et sert d’exutoire sexuel au gardien et aux ploucs du coin. Elle finit par enfanter et c’est un petit freluquet au visage déformé qui sera sa descendance. Car elle meurt l’innocente et l’un de ses compagnons d’infortune est le narrateur de ce drame épique et coloré. Gai-luron, le petit monstre surnommé Glaviot, c’est tout dire, va devenir le jouet favori de la fille du châtelain qui n’est pas un rigolo. Mais le bouffon fait marrer sa progéniture et cela lui suffit. Jusqu’au jour où la douce enfant attrape un microbe pervers et passe l’arme à gauche façon Belle au bois dormant. La suite, ce sera dans l’album.
Et voila comment, tel un troubadour plus proche de Villon que de Ronsard, Zidrou conte l’édifiante vie de Glaviot, devenu Bouffon et plus encore si affinités. Un hymne à l’amour impossible, à la laideur impardonnable, à la quête improbable de l’étincelle attendrie dans l’œil d’une belle, Bouffon c’est le constat de l’interdit qui ne correspond pas aux critères établis. Une pointe d’humour dans les textes, ceux du prisonnier narrateur et le tout, avec l’aide talentueuse de Francis Porcel (Les Folies Bergères déjà avec Zidrou), fait de ce Bouffon une divine comédie noire, belle surprise de la rentrée.
Bouffon, Dargaud, 14,99 €
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