Un des plus ignobles, inhumains et horribles actes commis par les Allemands aidés par le régime français de Vichy pendant l’Occupation, La Rafle d’Izieu qui débute en fait dans l’Hérault, on va voir pourquoi, vient de trouver avec l’album de Pascal Bresson au texte et Giulio Salvadori au dessin la référence pour ne pas l’oublier dans ses moindres détails, humains, historiques, ses témoignages. 45 gamins d’une maison où ils étaient rassemblés en toute liberté, parce qu’ils étaient juifs, vont aller à la mort, directement, gazés dans un camp accompagnés de sept adultes. On est bouleversé même quand on connait l’histoire de la rafle. Plus encore, dessin et ambiances, sourires d’enfants ne peuvent que faire couler des larmes tant il y a d’émotion dans cet album. Les enfants d’Izieu, en aucun cas, comme tous les autres comme eux tués par l’Allemagne nazie ne doivent être laissés dans l’oubli. On le leur doit absolument.
Été 1942, la France est coupée en deux, zone libre au Sud. En 1943 la préfecture de l’Hérault et le couple Sabine et Miron Zlatin en accord avec le sous-préfet de Belley dans l’Ain décident de créer une maison d’accueil à Izieu près de Chambéry. En mai 43 les premiers petits pensionnaires y arrivent, colonie des enfants réfugiés de l’Hérault, des enfants juifs de 4 à 14 ans de tout horizon. A Izieu sous autorité italienne ils ne seront pas inquiétés. Une maison où la joie va un temps régner jusqu’au jour où des soldats de la Wehrmacht (ce qui n’est pas neutre), et des officiers SS, le 6 avril 1944, viennent les rafler. Depuis la capitulation italienne les Allemands ont envahi la zone Sud et la chasse aux Juifs peut commencer. Les enfants devant Eusèbe, Julien et Miron Zlatin qui tentent d’intervenir sont littéralement jetés comme des sacs dans des camions réquisitionnés dans une entreprise française pour ne pas se faire remarquer à leur arrivée.
Rien n’est dû au hasard dans la rafle d’Izieu. Tous les personnages sont en place, avec les rôles qu’ils avaient à l’époque, témoins et acteurs. Le drame est reconstitué point par point. Léon Reifman s’échappe et abandonne malgré lui les siens. L’institutrice, les gendarmes français qui enquêtent pour savoir ce qui a pu attirer l’attention des Allemands, une alerte trop tardive, tout le monde savait que les enfants d’Izieu étaient juifs. Dénonciation, bavardages. Et puis il y a Klaus Barbie responsable superviseur. Le trajet des enfants, de gare en gare, Drancy, le courage de Marie-Louise Decoste qui partira avec eux bien que non juive, le tri, les camions à Auschwitz dans lesquels les gosses montent, pas un ne sera épargné. L’administration française est coupable elle aussi. Miron Zlatin sera fusillé dans un camp en juillet 44. A son procès Barbie niera Izieu, son avocat Maître Vergès sera odieux, pire même. Ne pas pardonner, ne pas oublier. En tout point le travail de Pascal Bresson et Giulio Salvadori, pas facile de dessiner cela, est digne d’éloges.
La Rafle d’Izieu, Éditions La Boîte à Bulles, 26 €
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