Un monument aux morts comme tout ceux des villages de France, une jeune fille complètement fascinée, adolescente solitaire, mal dans sa peau dans un univers familial qui ne la comprend pas. Qui laisse passer la lumière est une histoire à la fois de secret de famille, de transition, sur fond de fantôme ou plus simplement de souvenirs. Antoine Rocher est au scénario, Lilas Cognet au dessin (l’excellent Bob Denard avec Jouvray) qui offre une palette, subtile, très personnelle, riche et prometteuse. Un superbe univers pour un album qui se démarque pour le meilleur.
Aux jumelles elle regarde le monument aux morts. On est en 1971. Sa mère se désespère car Diane Lebel n’a pas une amie en classe. Elle passe son temps à faire des poupées en chiffon et ses camarades de classe se moquent d’elle. En gym elle est nulle. Mais elle ne se laisse pas faire et elle a le don de savoir ce que les autres pensent, quand ils mentent car elle a une petite voix dans la tête qui lui parle, la suit jusqu’à chez elle. Elle lui parle du monument et le spectre, la voix, n’est autre que Hadrien Lebel mort au champ d’honneur en 1917, son arrière grand-père. Elle va pouvoir le voir et il est ravi d’apprendre à connaître Diane. Ils vont faire l’arbre généalogique, aller au grenier, à la pêche. Sa mère ne s’occupe pas d’elle. Avec Hadrien elle va savoir comment sont morts ses camarades du monument. Diane dessine les scènes.Elle veut. savoir comment Hadrien a été tué et là il y a comme un blocage dont on garde le secret.
Une enquête en fait que vont conduire l’arrière-grand-père poilu et Diane, le tout sur des dessins d’une rare intensité graphique et onirique. Il faudra trouver pour que Hadrien ne soit plus un spectre. Le passé pour Diane qui se fatigue à son contact, le futur pour sa mère qui ne la comprend pas. Sa grand-mère, fille d’Hadrien est en maison spécialisée. On s’attache sans la moindre difficultés au couple. Les comptes vont se régler et on suit avec émotion cette saga qui scande aussi le passage à l’âge adulte de cette gentille Diane, montre la guerre dans sa proximité directe avec une famille touchée par la mort d’un des siens.
Qui laisse passer la lumière, Éditions Glénat, 22 €
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