Quand on prononce le nom de Marcel Pagnol c’est tout un univers magique qui apparait, de la comédie la plus incroyable, aux souvenirs d’une rare intensité sentimentale, au drame aussi, à l’humour, la tendresse, le tout basé sur des mots que lui seul a su assembler pour en faire à chaque fois des chefs d’œuvre intemporels et impérissables. Oui, on a été bercé très jeune par Marius, Fanny, César, Topaze, Manon des Sources, La Gloire de mon père, les bartavelles, des films, des pièces dont toutes n’ont pas vu le jour, si l’on peut dire, sur scènes. Tel est le cas de Gaby ou la belle et l’argent qui devrait avoir pourtant un destin qu’on lui souhaite brillant en BD le 18 avril. Véronique Grisseaux, scénariste (La Commode aux tiroirs de douleurs) assure l’adaptation et Luc Brahy (Déraisons d’état) que Ligne Claire connait bien le dessin.
On reviendra sur l’album à sa sortie évidemment, on ne boude pas son plaisir mais voici un aperçu de l’histoire. Gaby est une jeune femme bourgeoise et célibataire. Elle mène une vie oisive, et apprécie sa liberté de femme non mariée. Afin que personne ne puisse user de sa fortune, Gaby la confie à son père. Mais plutôt que de faire fructifier le pécule, le père dilapide tout l’argent de sa fille dans des investissements douteux. Bientôt sans le sou et sans toit, Gaby doit se marier vite, et riche ! Elle élabore alors un plan avec son père et un escroc : berner un jeune homme riche. Une pièce moderne et surprenante qui méritait bien cette mise en images.
Marcel Pagnol est né à Aubagne en 1895 et est mort à Paris en 1974 et c’est donc le 50ème anniversaire de sa mort. Il est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français. En 1957, il commence la rédaction de ses souvenirs d’enfance avec La Gloire de mon père, suivi par Le Château de ma mère, Le Temps des secrets et Le Temps des amours (inachevé, publié après sa mort). À travers son œuvre, Marcel Pagnol fait revivre la Provence et dépeint avec émotion l’âme et les mœurs méridionales. Il est élu à l’Académie française en 1946.
Comme le dit Nicolas Pagnol, petit-fils de Marcel Pagnol « La vie d’une œuvre est parfois passionnante et tel est le cas de Gaby ; oubliée depuis 60 ans, perdue dans un amoncellement de feuillets, de cahiers et de cartons elle refit surface alors que j’entreprenais un inventaire des archives de mon grand-père en vue de l’ouverture prochaine d’un musée dévolue à sa gloire. Une fois exhumée, il fallut la dater… grâce à une lecture minutieuse je décelais deux indices : la mention d’un modèle de caméra commercialisé à partir de 1945 et la mention du périodique Nice Matin dont la création remonte aussi à 1945. Le ton grivois de la pièce me ramenait aussi aux dernières de Marcel à savoir Fabien et Judas écrites entre 1951 et 1955 avant qu’il ne se plonge dans ses Souvenirs d’Enfance. Gaby a donc de toute évidence été écrite vers 1954 et ne fut jamais montée car mon grand-père, venant de connaître deux échecs sur les planches préféra se tourner vers le roman et s’éloignât de l’art dramatique. »
Gaby ou la belle et l’argent, Éditions Michel Lafon, 24,95 €
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