Au moment même où sort chez Aire Libre Barcelona, âme noire avec au générique Pellerejo, Torrents, Pardo les Barcelonais, plus Denis Lapière et Gani Jakupi, on a aussi le plaisir de découvrir une édition intégrale de Le Convoi de Lapière et Torrents. Dix ans déjà que les deux tomes ont paru et on s’y replonge avec plaisir d’autant que cette histoire familiale à rebondissements très bien menés est basée sur la Guerre d’Espagne. Elle possède en fin d’ouvrage un excellent cahier sur le sujet et sur la Retirada des Républicains en France en 1939 que Vichy va livrer aux Allemands qui les déporteront. Une page de plus affligeante pour la France de l’époque. Alors que ce sont des Espagnols engagés dans la France Libre, dans la Nueve qui seront le fer de lance de la Libération de Paris en août 1944. Enfin c’est à Montpellier que commence Le Convoi.
1975 à Montpellier, Angelita prend un verre avec un ami qui travaille avec elle. Jolie, élégante, Angelita ne laisse pas Richard indifférent. Elle non plus n’est pas insensible. Elle mariée à un prof de Lettres, a un fils ado et a un job qui la lasse. René le compagnon de sa mère l’appelle car elle a fait une crise cardiaque. Elle serait à Barcelone alors qu’elle n’y est jamais retournée car elle a juré qu’elle n’y irait pas du vivant de Franco. On la croyait en Auvergne. Angelita et René partent à Barcelone. Dans le train Angelita commence à raconter à René l’histoire de sa famille quand ils en sont partis. Elle avait huit ans. Barcelone bombardée par les Italiens de Mussolini alliés de Franco. Son père voulait à se battre avec les Républicains. Direction la France, Le Perthus, la Retirada, passage et séparation pour aller dans des camps différents. Angelina et sa mère montent dans un train. Elle voit son père pour la dernière fois. En 1946 elles apprennent que déporté à Mauthausen il y serait mort. Elle et sa mère ont été parquées sur la plage au camp d’Argelès.
La suite c’est tout l’art et le talent mis dans l’intrigue élaborée par Denis Lapière avec intelligence et humanité. Eduard Torrents, dessinateur barcelonais, a aussi nourrit cette histoire de son propre passé familial. On pourrait aussi parler de mémoire à un moment où l’Europe retrouve une situation qui se rapproche presque de celle de 1939 et la montée des extrêmes. La reconstitution, le dessin, le soin des détails, le destin d’Angelita, le mépris de beaucoup, si ce n’est la haine, viennent s’ajouter aussi à une relation passionnelle. Et à un coup de théâtre. La postface est signée par Christelle Pissavy-Yvernault. Un ouvrage à lire, relire.
Le Convoi, Édition intégrale, Aire Libre-Dupuis, 27,95 €
Articles similaires