Barcelone est devenue en quelques années la plaque tournante de la BD catalane, polars, rappels de la Guerre d’Espagne, de la Retirada. L’école espagnole est au plus haut du 9e Art avec des talents qui réjouissent les lecteurs de bonnes BD. En voici un nouvel exemple, Barcelona, âme noire, avec au générique Rubén Pellerejo, Eduard Torrents, Pardo les Barcelonais, plus Denis Lapière et Gani Jakupi. Un cocktail comme on n’en voit pas souvent et qui met en cases le destin de Carlitos qui n’aura de cesse de régner sur les Ramblas. Une progression narrative très finement élaborée sur un dessin sans défaut.
1948, Barcelone, la gare de Francia, direction du train vers Port Bou et la frontière, les Espagnols viennent chercher du travail et aussi fuir le Franquisme. Le jeune Carlitos Moreno Vargas a eu un père épicier et est abordé par une jeune femme qui lui propose du travail à Perpignan. Carlitos a une cicatrice dans la main. Et le souvenir horrible enfant de sa mère assassinée marquée au couteau sur le bas ventre pendant la guerre. Carlitos avait été aidé par Don Alejandro dans sa famille et s’était volontairement ouvert la main. A Barcelone José Santos Pedregal est une âme damnée de la police de Franco. Il est nommé à la police criminelle. En 1943 son père épicier fait venir en douce des disques de jazz pour Don Alejandro. Un autre meurtre de femme marquée au couteau a eu lieu. L’Allemagne en guerre est aidée par des volontaires espagnols. En 1948 Carlitos est déjà devenu un dur à cuire qui est proche de la jolie Paula. Mais les meurtres de femmes marquées continuent. Et Carlitos part à Perpignan.
L’intrigue n’est pas rectiligne et il faut bien suivre les pistes entre les personnages féminins, les meurtres, Carlitos, Don Alejandro le flic Don José jusqu’à la mort de Franco en 1975. Psychologiquement très abouti le récit revient sur le Franquisme, la politique anarchiste ou anti Franco et sur Barcelone qui est un endroit où tout est possible. Des femmes fatales, des truands et Carlitos qui vieillit, grimpe mais à quel prix ? Suspense évidemment pour cette saga noire familiale marquée par un destin tordu à souhait, une revanche sur le passé, on apprécie vraiment une seconde lecture car les détails fourmillent. Un vrai poids lourd dans le bon sens du terme.
Barcelona, âme noire, Aire Libre Dupuis, 27,90 €
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