Elle a été une figure de la littérature française, une brillante philosophe, acquise très tôt à la cause des femmes, et bien sûr la compagne de Sartre, à eux deux maîtres de l’existentialisme. Simone de Beauvoir était une femme libre dans tous les sens du terme, pas vraiment une marrante cela dit mais finalement c’était faux et qui aussi politiquement, au moins pour ceux qui se souviennent de la fin des années soixante à géométrie parfois variable. Quand on était en Philo à l’époque le duo était incontournable chez Pivot pour Apostrophes et idem pour leurs œuvres pour le Bac. Donc des sérieux avec leurs défenseurs mais l’album de Julia Korbik et Julia Bernhard, Simone de Beauvoir, je veux tout de la vie en trace un portrait biographique qui remet les choses à leur place, rebat les cartes et démontre quand même que Castor était unique.
Une interview par une journaliste américaine brillant, Deirdre Bair, on est en 1981 et Beauvoir a 73 ans. Sartre est mort depuis deux ans. Simone de Beauvoir est née en 1908 à Paris dans un milieu aisé qui va faire faillite avec les emprunts russes. 1921 elle se croit moche par rapport à sa jeune sœur Poupette. Un mère catho et une Simone déjà rebelle qui ne se voit pas mère au foyer torcher les gosses. Une vraie tête, une bosseuse proche de son père volage. Elle aime le théâtre, amie de Zaza. En 22 elle décide de ne plus croire en dieu et veut jouir de toutes les joies terrestres. Le bac et la découverte de la philo. En 28 elle prépare l’agrégation, unique, tout en considérant que son être a une part pour les autres, une pour elle. Moi social et moi profond. 1929 elle rencontre Sartre et décide de découvrir les ressources et les secrets de son corps. Simone ne fait pas dans la demie mesure. Vivre dangereusement, ne rien refuser. Une bande d’amis et non des moindres, amour en prime.
Finalement on l’a découvre Beauvoir, d’une rare intelligence, avec ses idées sur le couple à trois. On s’aime avec Sartre mais sans contraintes. On aurait pu penser que sa vie n’avait pas été très marrante. Erreur car elle la dirige pleinement, joie comprise, et se sent pour la première fois dominée. Par qui ? Par Sartre contre l’avis de ses parents. Le Deuxième Sexe, elle regrette qu’on ne s’intéresse qu’à son féminisme. L’Existentialisme est-il un humanisme ? Les USA en 47. En 70, Halimi et le MLF, elle fonce. Simone de Beauvoir est toujours là. Le travail des deux autrices est en tout point remarquable et on redécouvre une femme de grande allure unique.
Simone de Beauvoir, Je veux tout de la vie, Éditions Steinkis, 22 €
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