Si un faits-divers similaire se passait aujourd’hui on n’y croirait pas. Encore que quelques œuvres célèbres aient pu être volées sans grand soucis encore récemment. Mais la Joconde, on flirterait avec un drame national, un appel aux armes et la démission du gouvernement. En 1911, la Joconde grosso modo tout le monde s’en moquait. Elle n’était pas la star du Louvre et la sécurité était réduite à quelques employés dont un justement, italien immigré, s’était mis en tête de la restituer à son pays d’origine. Pour le principe. Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso (Vendetta) racontent l’extraordinaire aventure dont Monna Lisa (oui avec deux n) allait être l’héroïne passive pour le casse du siècle. Elle sera cachée pendant deux ans aux yeux du public. Une sarabande incroyable pourtant vraie.
A Paris on se remet de la crue de la Seine. En 1911 le 21 août, un homme melon à la Chaplin sur la tête décroche la Joconde au Louvre, enlève le cadre et emporte la toile. Pas d’alarme, de sécurité ou de ronde de gardiens, il part tranquille. 9 février 1910, Vincenzo employé du Louvre casse une vitrine et s’attire les foudres de Gobeir son patron abruti en chef, médiocre et méchant. Mais le directeur du Louvre Homolle est lui très humain. On n’aime pas trop les Italiens immigrés à Paris et la pression monte dans la tête de Vincenzo qui flashe sur Mona Lisa et aussi sur une autre jeune italienne Elisa. Qui disparait brutalement. Vincenzo craque, embarque la Joconce, la cache sous son lit et le vol n’est découvert que par hasard. La Joconde de Vinci n’est pas célèbre et on se demande où on bien pu la mettre. Nulle part. Commence alors une enquête où on va voir Picasso et Apollinaire en faire les frais. Deux soi-disants artistes. La police met les bouchées doubles.
On est dans une comédie dramatique digne de Labiche qui va durer deux ans. Vincenzo en profite même si le filet se resserre et qu’il commet l’erreur de tenter de la vendre plus ou moins officiellement à l’Italie. Pas sûr sinon qu’on l’ait retrouvée. Un gentil Vincenzo mais qui n’a pas inventé la poudre et son sort ensuite sera douloureux pendant la guerre de 14 tout en retrouvant son Elisa aimée. Alors Monna, dame en italien restera Mona qui grâce un peu à ses aventures épiques avec son amoureux Vincenzo deviendra le tableau le plus célèbre au monde désormais protégé comme le plus cher des trésors, échappera aux Allemands pendant la guerre mais continue parfois à être la cible d’illuminés. Un excellent album, vivant, touchant et historiquement incontournable sur un dessin de Bonaccorso qui lui va à merveille à Mona-Monna.
Pour l’amour de Monna Lisa, Le plus grand vol du XXe siècle, Steinkis, 18 €
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