De Teresa Radice et Stefano Turconi on avait aimé La Terre, le ciel, les corbeaux une odyssée guerrière digne de Malaparte et bien sûr Le Port des marins perdus, une œuvre d’une rare richesse que ce soit littéraire et graphique. Le duo récidive avec Le Beau Parleur, deux frères qui vivent à travers les aventures de l’ainé, voyageur infatigable. Cette fois encore l’écriture s’impose, donne au dessin toutes les possibilités d’être lui aussi un narrateur incontournable, une association qui va porter une histoire dans laquelle il faudra s’attendre à ce que la réalité soit décalée de la très belle fiction.
Un petit village de pécheurs dans la jungle amazonienne, Pedro est un jeune garçon doux et rêveur. Il vit à travers l’image de son frère Vincente surnommé Cent qui passe sa vie à sillonner tous les pays du monde mais pourquoi. Cent est revenu. Mais il a trois copains un peu bizarre et pas très sympa, Manuel, Rubens et Vasco. Manuel a été en prison et magouille avec Cent. Les retrouvailles entre les quatre sont tendues mais Pedro a compris qu’ils ont un lien entre eux et non des moindres. Cent a rapporté à Pedro un exemplaire du Magicien d’Oz. Il annonce à leur frère José que Cent est revenu. José entretient toute la famille et revoir Cent l’inquiète. Cent raconte les pays dans lesquels il dit être passé. Il a aussi deux petites sœurs très proches de Pedro. Cent ne ramène jamais de photos où on le voit dans ces villes lointaines. José n’est pas dupe et Cent n’hésite pas à lui voler sa barque. Pedro se lance à sa poursuite.
Il faut évidemment garder le suspense qui mène cette intrigue. La progression est très maîtrisée sous l’égide du Magicien d’Oz dont des images sous un style de dessin différent s’intègre à la voix off de Pedro. Les décors, le coup de crayon est enchanté tout en étant réaliste, sentimentalement chargé d’émotion. Pedro découvre qu’il est un petit garçon manipulé qui pourtant saura aller au bout de son enfance pour flirter avec l’âge adulte. Le gentil rêveur va devenir à son tour un raconteur d’histoires. Un grand moment intelligent et tendre.
Le Beau Parleur, Glénat, 22,50 €
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