Si l’on posait aujourd’hui la question aux Français si ils savent ce qu’a été la révolution de 1830, Charles X et Louis-Philippe, les réponses étonneraient. Qui se souvient de ces épisodes mouvementées, sanglants, ubuesques de la vie politique française après l’Empire et Napoléon, de Louis XVIII, de la Restauration, du retour à la case départ de l’avant 1789 ? Certes, les temps avaient changé mais un roi restait un roi avec cour, armée et pouvoir. L’Été des quatre rois fait acte de mémoire de façon intelligente, adapté du roman de Camille Pascal, lauréat du Grand Prix de l’Académie française 2018. Hervé Loiselet que l’on connait bien comme scénariste historique et Antonin Dubuisson ont uni leurs talents pour raconter comme un long-métrage, un thriller où la royauté va en prendre un coup même si on ira jusqu’à un second empire et la tragédie de la Commune en 1871. Car ces acteurs de 1830, comme Thiers, vont faire du chemin dans le fleuve parfois en crue et imprévisible de l’histoire de France.
29 juillet 1830 à Paris, le peuple envahi la salle du trône et y assoie la cadavre d’un jeune polytechnicien tué par les Gardes Suisses. Mort aux Bourbons après Louis XVI c’est au tour de Charles X d’avoir des sueurs froides mais qui va s’accrocher à sa royauté. Comment en est-on arrivé là ? Quatre jours plus tôt à Saint-Cloud il y a Charles X, frère de Louis XVI et de Louis XVIII à qui il a succédé en 1824. Talleyrand est encore là, en coulisses, De Polignac dirige le gouvernement d’ultras tous favorables à Charles X. Le Duc d’Angoulême est dauphin de France dont successeur en puissance. Le roi va signer des ordonnances qui entre autre bâillonnent la Presse et n’a aucune envie de finir comme Louis XVI. Donc action et répression si on touche à la monarchie. On dissout la Chambre, droit de vote aux plus riches, élections à venir. On imprime le tout et le 26 juillet 1830 commencent les ennuis même si à la cour on se la joue gagnant. Le maréchal Marmont rechigne même si il commande les troupes royalistes. On ne lui a rien dit. Thiers débarque dans l’arène et veut en appeler au peuple. Les salons s’excitent et Paris bouge.
Des jeux de partis, quatre rois interchangeables, Charles X, son fils qui renoncera au trône, un petit-fils Henri d’Artois, Louis-Philippe qui gagnera, la cour est pleine. Tout est dit et bien dans ces pages sur ces journées de juillet de la brève Révolution de 1830 qui passera d’un roi à l’autre comme aujourd’hui les présidents sauf qu’on ne les chasse pas avant la fin du mandat. Et oui pour la République il faudra attendre pour la II jusqu’au 24 février 1848, révolution encore, et elle finira le 2 décembre 1852. Le second Empire fera la transition avec la IIIe. L’Ancien Régime va jouer les prolongations et tirer les ficelles. La Fayette encore, un lieutenant général du royaume qui sera roi des Français et pas de France, la grande histoire a parfois des aspects de vaudeville. Excellente et rafraichissante adaptation qui donne très envie de lire le roman de Camille Pascal.
L’Été des quatre rois, Philéas, 19,90 €
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