C’est le denier volet de la trilogie de Pierre Lemaitre après Au-revoir là haut et Couleurs de l’incendie. Miroir de nos peines conclue Les Enfants du désastre et c’est toujours Christian De Metter qui est si l’on peut dire aux commandes de cette adaptation. Lemaitre avec le dernier panneau de sa trilogie, Miroir de nos peines, amène ses héros à la drôle de guerre. Une petite fille croisée dans Au revoir là-haut, faiseuse de masques, se retrouve prise au piège dans un drame que juin 40 va remettre en perspective. Idem pour un brave troufion de la ligne Maginot lui aussi embarqué dans une aventure qui le dépasse. Lemaitre on l’a dit et répété a à la fois trempé sa plume dans l’encre du feuilleton de tradition française tout en le réinventant, le transformant pour mieux le coller à une réalité historique, celle du Maréchal qui arrive en 40 pour le désastre.
Une fille nue qui court dans la rue, un fort de la Ligne Maginot où le sergent-chef Gabriel a des vapeurs et la trouille, un marché noir mis en place par un troufion nommé Landrade, la drôle de guerre se gère comme on peut. Pour ne pas avoir coopéré dans le trafic il va avoir des soucis, une leçon sans pitié. A Paris le jeune femme a un nom Louise Suzanne Belmont, institutrice qui s’est mise nue contre une forte somme devant le docteur Thirion. C’est dans le café tenu par Jules un brave type, où elle travaillait qu’elle l’avait rencontré mais pas par hasard. Elle avait accepté et il s’est suicidé devant elle, elle a fui nue dans la rue. Le sergent-chef se remet de la « leçon aux gaz » qu’il a reçu par Landrade et va gérer le ravitaillement militaire. Au Quai des Orfèvres, un homme veut porter plainte contre l’avocat qui a défendu Valentine Boissier et l’a faite acquitter. Mais l’avocat en question est un drôle de personnage.
Tout se met en place et les héros sont dans leurs rôles. Les destins se croisent. On s’y attache et on les suit avec émotion. Landrade, Louise et ses origines, Désiré traducteur au ministère, le sergent-chef, le garde-mobile Fernand, Monsieur Jules, le père Désiré, un drôle de paroissien, alors que les Allemands vont passer par là où on ne les attend pas. La débâcle, l’exode, la débrouille, la désertion, les magouilles et l’amour, la mort, la politique « cocos » et cagoulards, Vichy n’est pas loin. On n’a qu’une envie devant le très beau travail graphique et rédactionnel de Christian De Metter c’est de lire ou relire le roman de Pierre Lemaitre.
Miroir de nos peines, Rue de Sèvres, 25 €
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