On ne va pas s’en cacher. On les suit à la trace ces intégrales de La Grande Guerre de Charlie. La troisième est arrivée au front à quelques jours du 11 novembre où on commémore chaque année l’armistice de la première guerre mondiale en 1918, surnommée justement la Grande Guerre. Le duo Pat Mills et Joe Colquhoun a signé côté britannique l’équivalent de ce que Tardi a fait pour les Poilus français. Mills a un héros Bourne que l’on suit de son engagement à la fin de la guerre, voire à l’après-guerre alors que se profile des horizons à nouveaux sanglants avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir. La Der des ders, titre de ce tome 3, de 380 pages pour les planches, porte un symbole d’espoir qui sera détruit en 1939, et toujours pas de saison de nos jours. Un cadeau pour Noël évident et indispensable pour se souvenir aussi.

Septembre 1917, Charlie Bourne est Passchendaele. L’attaque est proche et on cherche des brancardiers. Pas chaud Bourne car ils se font tuer plus que les autres trop exposés. Son copain Jones est atteint moralement comme Charlie par les exécutions de ses copains qui avaient fui. Jones se laisse tuer par un obus. Charlie craque et devient brancardier pour sauver ses camarades. Première attaque et l’horreur, la boue, les blessés qui meurent sur les brancards. Plus de morphine, on vend des prises de guerre. Trafic et charge sous la pluie mais quand elle s’arrête les mitrailleuses allemandes crachent. En une seule journée 15 000 hommes sont tués ou blessés.

Le remord de Charlie pour avoir fusillé des copains, les blessés, vol d’argent sur les cadavres, fraternisation, les gaz, il sera même fait provisoirement prisonnier. Avec Mills qui signent ses commentaires détaillés en fin de recueil. Un long et très documenta passage dans l’aviation du Royal Flying Corps, une cérémonie de 1982, les chars, les tireurs d’élite, aucun aspect n’est négligé et Pat Mills sous le crayon de Joe Colquhoun enchaînent les histoires courtes reliées entre elles. Une vraie dose d’humanité systématiquement détruite par les circonstances. Et un certain Adolf qui décore son abri dans les tranchées et qui déjà dit qu’il ne devra jamais sous-estimer les Anglais. Une dernière intégrale remarquable.