Dominique Bertail termine le dernier tome de Ghost Money avec Smolderen. Invité du Festival de Palavas qui se termine dimanche soir 21 juin, Dominique Bertail revient sur ses projets dont Infinity. Il parle aussi de son très réussi Omaha Beach, 6 juin 1944 qui illustre le parcours du photographe Robert Capa, auteur des seules photos de l’arrivée sur la célèbre plage normande des soldats US. Dominique Bertail s’exprime en toute liberté, avec son habituelle franchise de ses envies, de ses doutes parfois, de l’avenir.
Dominique Bertail, vous terminez votre série Ghost Money. Pas de suite en vue ?
Non, nous terminons la série avec ce cinquième et dernier tome qui paraîtra en janvier. Il n’y a pas de suite au programme. L’action sera bouclée au moins avec les personnages actuels. Maintenant on ne peut préjuger de rien selon l’accueil du public ou ses demandes.
Vous allez embrayer avec le projet Infinity co-scénarisé par Lewis Trondheim que ligneclaire a annoncé.
Oui, je dessinerai le premier tome sur les huit qui paraîtront chez Rue de Sèvres. Il sera scénarisé par Zep et Trondheim. J’ai déjà fait des recherches de personnages. J’étais le nez dans guidon avec Ghost Money. Avec Infinity je me suis mis à me nourrir de comics. On sera dans une autre genre, avec moins de cases par page.
On a l’impression que cela va être une détente pour vous ?
Une récréation en fait par rapport à Ghost Money. Je ne me suis jamais essayé à la science-fiction. Je n’en ai pas la culture mais c’est passionnant de me plonger dans ce domaine.
Comment avez-vous intégré le projet ?
Il y avait une liste de scénaristes et de dessinateurs. J’avais envie de travailler avec Zep. J’ai un bagage réaliste et je pense que je vais m’amuser au dessin de ce tome d’Infinity. J’ai besoin qu’on me raconte une histoire. Ensuite j’imagine le découpage, la cadrage. Je sais ce que j’ai envie d’y mettre. Avec Ghost Money j’étais très cadré. Je vais m’investir dans cette œuvre avec une autre forme d’énergie. Mon dessin va être sous état d’urgence. Dans Ghost Money je me méfie des effets qui arrivent au premier jet. Avec Infinity il faudra à la fois aller vite et être efficace. J’ai relu et relu Kirby en fait.
Vous avez signé Omaha Beach il y a un an. Le personnage principal hormis le débarquement, c’est une légende du photo journalisme, Robert Capa.
J’ai rencontré par hasard Morvan qui cherchait un dessinateur pour cet ouvrage qui traite des fameuses photos prises sur la plage et la perte des autres rouleaux de pellicules de Capa. On ne le sait pas mais j’ai dessiné sur un format encore plus petit que celui de l’album publié qui fait 14,5 cm par 22 cm.
J’avais très peu de temps pour le faire et ce format me permettait d’aller à l’essentiel. Comme le photographe il fallait faire passer la notion d’urgence, aller vite. J’ai gardé une sorte de synthèse du dessin mais c’est une façon de travailler que j’utilise depuis longtemps dans mes carnets personnels et ça allait bien avec le sujet. Cette fois ce n’est plus Kirby mais Pratt et Caniff que j’ai relu.
Le personnage de Capa vous a accroché ?
Je ne le connaissais pas vraiment. Il a eu tout au long de sa carrière un côté un peu star. Il a couvert la guerre d’Espagne côté Républicains puis la seconde guerre mondiale, la naissance d’Israël et il a été tué en Indochine. Il a été l’un des fondateurs de Magnum, la célèbre agence photo. Faire cet album a débloqué plein de choses pour moi. J’ai fini par accepter les défauts de mon dessin, revenir sur le côté sacré de l’album, l’idéal ouvrier du dessinateur.
Donc Infinity après Ghost Money. Rien d’autre ?
Si mais je ne veux pas trop en parler, un one-shot chez Dargaud, historique. Et peut-être un autre album comme Omaha Beach dans la collection Magnum Aire Libre chez Dupuis.
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