Michel Kichka est israélo-belge ou belge-israélien tout dépend le coté de la mosaïque que l’on regarde. De nationalité belge et devenu en 1974 israélien, il livre dans ce troisième volet, L’Autre Jérusalem après Falafel sauce piquante, sa vision franche et sans détour sur son métier, l’État d’Israël et la montée préoccupante de l’extrémisme sous toutes ses formes. Le dernier volet de sa trilogie autobiographique. Par Sidney TRUC.
2020, début du coronavirus et du confinement, pas la peine de s’étendre sur le sujet tous le monde sait de quoi il en retourne… Confiné dans sa résidence de Jérusalem, Michel Kichka profite de sa ballade hebdomadaire autour de sa maison pour faire le point sur son métier, sa carrière, son pays et sa vie en générale. Il revient sur sa jeunesse, sa famille et son métier de dessinateur mais aussi sur ses engagements dans le dessin de presse et l’évolution de la liberté d’expression. Ponctuée de retours dans le passé, cette ballade commence tranquillement hors du temps au rythme finalement du confinement jusqu’à aujourd’hui deux ans après. Divisé en quatre chapitres cela lui permet d’organiser ses réflexions. Le premier est une sorte d’introspection sur son choix de métier avec de nombreuses réminiscences anciennes et de sa construction au fil des ans. Cette introspection lui permet d’amorcer le chapitre 2 avec le début de sa carrière et l’évolution de métier de dessinateur au contact de la liberté d’expression, de la censure et du racisme. Comment il a tout fait pour jongler entre la nécessite d’être honnête dans ses dessins et ses convictions et le respect de la sensibilité de chacun. Le troisième chapitre est dédiée à sa famille, son épouse, ses fils, ses petits-enfants et son père, l’impact qu’a pu avoir le confinement et le lien précieux qu’il y a entre chaque membre d’une famille, le besoin de préserver ce lien malgré un contexte tel que le coronavirus. La notion de transmission de l’histoire familiale, de valeurs aux générations futures et le devoir de mémoire sont des thèmes abordées au fil de ce chapitre tout en conservant cette légèreté propre à Michel Kichka.
Enfin le quatrième chapitre est peut-être moins léger, mais livre les réflexions du dessinateur mais aussi ses craintes quant à la montée de l’intégrisme et du caractère très religieux que l’on peut ressentir désormais en Israël. Il aborde également tout en bienveillance les tensions communautaires qui y règnent et le fait que le souffle premier d’Israël est la démocratie et non le fanatisme religieux au détriment l’un de l’autre. C’est donc un très beau dernier volet qu’offre ici Michel Kichka, plein de tendresse et d’intelligence. Il nous permet à nouveau d’entrer dans son univers et son intimité en toute simplicité tout en continuant à défendre la laïcité et l’acceptation de l’autre par ses réflexions transmises par son dessin.
L’autre Jérusalem, Dargaud, 19 €
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