Touchant, interpellant, séduisant, Du bout des doigts de Cyril Bonin pose une question primordiale. Le bonheur, l’amour, la création, l’art peuvent-ils faire cause commune et bon ménage. Une dissertation subtile sans complaisance ni difficulté à en saisir les finesses, Paul a plutôt tendance à se la jouer artiste maudit, incompris mais fier de l’être. Jusqu’au jour où pour changer de look il va se faire couper les cheveux. Et plus rien ne sera comme avant. Il va pouvoir effleurer une nouvelle vie du bout des doigts mais encore faut-il qu’il y croit, en lui surtout. Une belle partition en forme de conte de fée réaliste. Qu’est ce que le bonheur ? Réponse avec Mathilde et Paul sur des notes en fait joyeuses et pleines d’espoir.
Avec ces copains artistes, Paul disserte sur l’art en général, lui le peintre romantique descendant de l’école de Paris. Années 60, Paul n’a aucune envie de révolutionner l’art. Sa maîtresse Georgina lui apporte une lettre. Une galerie veut l’exposer. Pas vraiment enthousiaste Paul qui ne se sent pas vraiment heureux . Un râleur invétéré qui décide toutefois de rafraîchir son look et va chez le coiffeur. Mathilde très belle jeune femme le coiffe, parle cinéma avec lui, aime les personnages secondaires. Il lui avoue être un artiste dont elle lui donne sa propre définition. Coupe réussie et du coup Paul accepte l’exposition, commence des toiles superbes. Il faut qu’il en livre vingt en trois mois. Mais peu à peu il se démoralise. Il retrouve Mathilde qui vient chez lui et voit ses toiles. Elle lui propose de lui couper les cheveux et du coup Paul se sent revivre, retrouve son optimisme créatif. Liaison évidemment entre les deux jeunes gens, jalousie de Georgina qui a décidé de divorcer pour lui et a un mari vindicatif.
On se laisse prendre à ce beau roman, à cette belle histoire qui se bâtit, se transforme, adopte des personnages haut en couleur comme la mère de Mathilde, le souvenir de son père. Les copains de Paul sont aussi de la fête. On trouvera par contre un peu dramatique rattrapé l’épilogue mais au total on prend un vrai plaisir à cette romance que Cyril Bonin a joliment mis en images.
Du bout des doigts, Grand Angle, 18,90 €
J’ai vraiment apprécié cette lecture et cette tranche de vie. Et même si Mathilde ne nous passe pas la main dans les cheveux, c’est un petit moment de bonheur 😉
Je pense en faire moi aussi une chronique sur mon blog.