Les Compagnons de la Libération, Vassieux-en-Vercors pour une tragédie inévitable

C’est l’évènement le plus marquant, le plus controversé aussi de la grande et belle saga de la Résistance française pendant la guerre. Dans la collection Les Compagnons de la Libération, Jean-Yves Le Naour sur un dessin de Claude Plumail traite du Vercors, de ce maquis perché sur un plateau qui devait être le porte-avions des alliés, où 4000 résistants s’étaient rassemblés pour vivre une tragédie presque programmée. Vassieux-en-Vercors (qui aura la Croix de Compagnon de la Libération), et bien d’autres villages, les résistants vont payer le prix fort. Quand on connait les lieux, qu’on les a arpentés, on comprend vite que sans soutien extérieur le Vercors est un piège entouré à l’époque de forces allemandes qui en plus avaient compris que le plateau pouvait servir de piste d’atterrissage. Le Naour reprend dans le détail l’histoire quoiqu’il en soit glorieuse du Vercors en y apportant une part de romanesque qui permet d’étayer le témoignage familial d’un des survivants. On a aimé le dessin de Plumail qui travaille souvent avec Le Naour (Romain Gary).

Vassieux-en-Vercors

Juin 44 tout va basculer dans le Vercors. Plus tard Aurélie en 1995 va chez son grand-père pour les vacances à Vassieux-en-Vercors. Sur une armoire elle trouve une photo de lui jeune armé d’une mitraillette. C’était en 1944 et la photo a été prise au maquis par une jeune fille. Les résistants du Vercors étaient peu armés mais fiers et courageux. Aurélie décide qu’avec son grand-père ils retournent sur les lieux qui ont vu naître, se battre et mourir le maquis du Vercors. La ferme d’Ambel avec des maquis dès 1942, le STO et les réfractaires qui montent sur le plateau, en 1943, c’est son tour. Premier parachutage, et entente entre maquisards. La Milice n’est pas loin, l’abbé Pierre est là lui aussi Fusillés, arrestations, déportations, pourtant le maquis gonfle. 14 juillet 1944 les maquisards libère Vassieux mais les Allemands ne peuvent accepter une telle épine dans leur flanc, craignent qu’en plus des parachutages en masse d’armes il y ait aussi des milliers de paras alliés. Ils seront allemands et en planeurs qui sauront eux se poser sur le porte-avions Vercors.

Vassieux-en-Vercors

La priorité pour les Alliés c’est le débarquement de Provence où les aéroportés US vont être aux premières loges. Qu’auraient-ils fait sur le Vercors où par contre les maquisards y croyaient. Le Vercors s’est aussi soulevé trop tôt. De Gaulle avait joué la carte du Massif Central, abandonné celle du Vercors pour une grande opération française aéroportée encore qu’on puisse douter qu’avec un seul régiment, le 1er RCP, plus les SAS France Libre cela ait pu se faire. Il y aura bien quelques Jedburghs français et US, mais une poignée parachutée. Les résistants du Vercors ont été pris au piège, se sont sacrifiés et on les a laissé tomber pour des raisons stratégiques. Il n’y avait pas d’autre choix.  La population le payera cher. Vassieux a reçu la Croix de la Libération, un geste de De Gaulle qui avait décidé de changer de plan. En face les Allemands avaient 10 000 hommes. 4000 résistants et combien de paras US ou anglais sur le Vercors pour y faire quoi. ?Descendre sur Valence, Grenoble ? Et rejoindre qui puisque le débarquement n’avait pas eu lieu en Provence. Un lieu de mémoire à ne pas manquer, prenant, émouvant face à un sacrifice aussi pur. Excellent album, clair, précis et surtout sans non-dit.

Les Compagnons de la Libération, Vassieux-en-Vercors, Grand Angle, 14,90 €

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