Un Je t’aime moi non plus pour une Charlotte belge et impératrice d’un Mexique qui ne veut pas d’elle ni surtout de son époux Maximilien de Habsbourg-Lorraine, frère cadet de François-Joseph, qui y ont été envoyés par un empereur bien français, Napoléon III. Sans son armée qui veut à tout prix conquérir le Mexique, Maximilien serait déjà hors jeu. On est dans les années 1860 et même si on sait que tout finira très mal, on est séduit aussi bien par la femme de tête et de cœur qu’est Charlotte comme par son Maximilien qui vole au-dessus d’un nid de coucou. Une séductrice, une passionnée, une amoureuse, une politique, une tourmentée, Charlotte dans ce tome 3 donne toute sa mesure grâce à Fabien Nury et Matthieu Bonhomme au dessin si à la fois délicat, violent si besoin et toujours bourré de sentiments. Un des maîtres actuels.
Face à face Charlotte et le chef de sa garde, un Belge bien sûr mandaté par sa royale famille. Elle n’est pas insensible aux charmes du colonel Van Der Smissen. Quant à Maximilien il porte le sombrero, retrouve son épouse et lui ferait bien un enfant. Sauf que elle n’en a pas envie Charlotte. Trop risqué à plus d’un titre d’après sa dame d’honneur la comtesse de Zichy. Colère le Hasbourg. A moins qu’on ne se serve d’un géniteur anonyme ou d’une adoption. Maximilien a décidé. Charlotte retrouve son confident et opposant politique, le père Miranda. Maximilien voit désormais le Mexique comme le début d’un nouvel empire. Le père de Charlotte, le roi des Belges meurt. Son frère prend sa place et veut sortir sa sœur du guêpier mexicain. La tension monte, Charlotte est au pied du mur et désormais les dés sont jetés. Mais Charlotte croit toujours à un Mexique sous la coupe de son mari. Tout en se demandant si elle ne perd pas la raison.
Un personnage très romanesque cette Charlotte vue par Fabien Nury, ferme, capable de s’affirmer, contrer ou aider Maximilien qui n’a pas encore compris qu’il n’est qu’une marionnette dont Napoléon III tire les fils. Et qu’il n’hésitera pas à le laisser tomber. Une belle emphase graphique, pointilleuse et enlevée de Matthieu Bonhomme. Charlotte retrouve une place qui lui revenait dans ce drame hors normes. Une fascinante aventure non dénuée aussi d’une part d’ésotérisme.
Charlotte impératrice, Tome 3, Adios, Carlotta, Dargaud, 17 €
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