On l’avait découverte dans La Guerre de Catherine. Rachel petite fille juive se passionne pendant la guerre pour la photo. Elle change de nom et devient Catherine. Un ouvrage d’une rare humanité adaptée du roman de Julia Billet paru à l’École des Loisirs et qui signe le scénario de cet album au dessin chaleureux de Claire Fauvel. Un leçon de vie et d’espoir bouleversante. La suite c’est Au Nom de Catherine toujours adaptée de Julia Billet et dessiné par Mayalen Goust. Et là on passe à un autre registre d’une importance capitale, celui du monde de ces femmes qui font le choix de devenir photographe, parfois reporter de guerre, dans la suite du plus atroce conflit mondial. Catherine submergée par ses traumatismes va grimper les échelons pour en arriver au reportage politique, au combat qui sera primordial désormais pour sa vie personnelle.
Catherine veut vivre sa vie. La photo d’abord. Elle a une porte d’entrée au journal communiste L’Humanité. Elle montre à Maurice toutes les photos prises pendant la guerre. Il lui demande de couvrir la Fête de l’Humanité. On est en 1948, les femmes ne votent que depuis deux ans. Catherine retrouve Maurice et réussit une série de très bonnes photos. La mode ensuite avec Balenciaga. Match et la consécration. Mais le sujet ne lui convient pas, repartir en Pologne à Auschwitz sur les traces de ses parents morts en déportation. Elle refuse. Elle s’installe à Paris. Et c’est le sujet pour l’époque le plus difficile, un reportage sur une colonie de vacances franco-allemande. Catherine accepte avec tous les risques que cela comporte. Une rencontre avec Simone de Beauvoir va aussi changer sa vie. Femme libre et indépendante.
Le travail graphique de Mayalen Goust est superbe, puissant, monte quand il faut les dessins en photos. L’histoire est écrasante, bouleversante. Catherine elle a de Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy et de la très chère Brigitte Friang, grièvement blessée par la Gestapo, torturée, déportée et qui partira volontaire envoyée spéciale photographe reporter en Indochine, sautera en parachute, sera à Khe Sanh ou dans le Sinaï. Aujourd’hui toutes ces consœurs, ces femmes brillantes, incomparables sont toujours en première ligne. Elles le doivent certes à leur talent, leur courage mais aussi à des Catherine ou Brigitte qui leur ont au prix fort ouvert les portes de l’un des plus beaux métiers du monde.
Au nom de Catherine, Rue de Sèvres, 18 €
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