Ne jamais bouder son plaisir. Surtout en BD. Il aura fallu une rencontre avec Gaétan Brizzi pour L’Enfer de Dante qu’il a signé avec son frère pour découvrir une autre de leurs œuvres un peu passée sous silence, Les Contes Drolatiques (quatre en tout) adaptés de ce cher Honoré de Balzac. Une fois de plus les Brizzi brothers comme les appelaient leurs confrères des studios Disney ont revisité style et dessin. Plus de classicisme à la Doré comme pour Dante mais une joyeuse débauche dans tous les sens du terme, rabelaisienne pour le texte, les ambiances et à la Marcel Jeanjean dans les Quinze joies du mariage teintée d’une pointe de Dubout pour le dessin. Et ce beau mélange coordonné par le talent des Brizzi offre une belle adaptation charmante et drôle, littéraire en prime.
1832, Honoré se lâche. Fini le Père Goriot, Eugénie Grandet, on va rigoler un brin et il écrit un drame joyeux, Les Contes Drolatiques. Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains parce qu’il pourrait prendre feu. Premier étape et conte La Belle Impéria en 1414, un jeune moine Philippe se rend à Constance pour un grand concile avec la crème de l’Église. Cardinaux, évêques, on va profiter de l’occasion pour se rapprocher de près de quelques donzelles avenantes. Dont la belle Impéria qui fait flasher le moinillon. Qui n’est pas seul dans la course. Mais Impéria est maline bien qu’entretenue. L’amour sera-t-il vainqueur ? On enchaine par Le Péché véniel et la charmante Blanche fort peu comblée mais astucieuse. L’Héritier du diable et La Connétable ferment la marche.
Les femmes et Balzac ont toujours fait bon ménages. On les retrouve dans ces contes au sein mêmes des intrigues, parfois manipulatrices, parfois actrices impénitentes mais aussi victimes désignées. L’Église prend des coups de bâton. Comédie humaine quoi d’autre. Paul et Gaëtan Brizzi ont fait virevolter joyeusement dans leurs dessins les desseins caricaturaux d’Honoré. Un album pétillant.
Les Contes Drolatiques, Futuropolis, 21 €
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