Après l’offensive du Têt en 1968, un des tournants de la guerre du Vietnam, Don Lomax continue sa narration sur le terrain de ce conflit qui parait à la fois lointain et pourtant proche car ancré dans la mémoire des Américains, une humiliation qui avec le recul n’a rien changé au contraire à la face du monde. Dans ce volume 6 de Vietnam Journal, Lomax envoie Journal, le reporter de guerre à Khe Sanh où les Marines assiégés se retrouvent dans la même situation que les Français à Diên Biên Phu, pris au piège volontairement pour fixer l’ennemi. Sauf que les moyens ne sont pas à la même échelle. Au sol pourtant la mort sera au rendez-vous. Toujours aussi fort, basé sur la propre expérience de Lomax, des témoignages vraies, cette chronique historique est l’une, si ce n’est la meilleure sur le sujet. Ses scènes de combat, ses personnages sont à la hauteur des photos de Life, de Time, des reportages sur le terrain où les envoyés spéciaux étaient prioritaires dans les hélicos, comme le montre Lomax dans ce tome, pour accompagner les GI’s au combat.
27 février 1968, la base de Khe Sanh, au nord ouest de Hué, à 15 kms de la frontière laotienne est pilonnée par les Nords Vietnamiens. Depuis 37 jours la base des Marines est assiégée. L’offensive du Têt a empêché de ravitailler la base ou les Vietcongs ont massé des troupes dont la division 304 qui avait battu les Français. Le général Giap est toujours à sa tête. Lomax a débarqué à Khe Sanh qui a une piste de 1200 mètres pour les gros porteurs US. La colline 861 le 21 janvier a été attaquée comme le raconte à Lomax un infirmier. La 861 est en bout de piste d’atterrissage donc stratégique. Corps à corps, les Marines tiennent alors que du Laos avec des canons soviétiques les Viets pilonnent la base. Lomax voit les B-52 larguer leurs bombes par vagues régulières sur la jungle environnante guidés par les Marines dans leurs bunkers dont certains datent des Français. Des avions ravitailleurs sont abattus en approche et désormais larguent leurs charges en passage au ras du sol. Des chars d’origine soviétiques sont entrés en action au début de la bataille pour détruire un camp des Bérets Verts. 6000 Marines sont face à 40 000 Viets.
C’est la vie jour après jour des Marines que partage et raconte Journal. Pas l’héroïsme mal placé mais une survie dans des tranchées, une résistance farouche qui ira vers ce que les Américains appelleront une victoire quand Khe Sanh sera libérée par la totalité de la 1ère Division de Cavalerie et d’autres unités. 15 000 vietnamiens du Nord tués pour 200 Américains (pour mémoire 3000 tués français à Diên Biên Phu et 1600 disparus) mais le Vietcong avait éloigné des villes l’armée US pour favoriser l’offensive du Têt. De toute façon victoire ou pas l’issue du conflit n’en a pas été changée. Avec Lomax on est sur le terrain cette fois encore, une documentation riche, des scènes sur le vif dont les hélicos de reconnaissance et la psychologie des Marines, tout y est une fois de plus.
Vietnam Journal, Tome 6, Bain de sang à Khe Sanh, label Delirium, 20 €
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