On l’a su hier 20 décembre et aujourd’hui pour Ligne Claire, Fabcaro revient, avec simplicité et gentillesse, sur cette grande et joyeuse nouvelle. Oui il a signé le scénario du prochain Astérix qui sortira l’an prochain. Il nous dit comment il a été choisi alors que Jean-Yves Ferri, scénariste en titre, voulait faire une pause. Fabcaro nous dit aussi son émotion et sa volonté d’écrire une histoire que René Goscinny aurait aimée. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Fabacaro, depuis combien de temps tu savais que tu allais signer le scénario du prochain Astérix ?
En fait un an pile. Le 20 décembre 2022 j’ai reçu un mail des éditions Albert René et je ne savais pas exactement pourquoi. On avait rendez-vous le 20 à Paris, j’y suis allé très détendu sans penser un instant que c’était pour Astérix. Je n’avais aucun élément pour cela.
Tu vas à Paris, tu découvres que c’est pour Astérix. Et que devient Jean-Yves Ferri le scénariste en titre ?
C’est lui qui a voulu faire une parenthèse pour se consacrer à son De Gaulle à la plage. Il manquait de temps pour faire ce nouvel album de la série. Les éditions Albert René ont pensé à moi pour prendre le relais sur un album.
Tu vas nous surprendre ? Tu mets tes pas dans ceux avant tout de Goscinny. Tu n’es pas trop déstabilisé ?
Non pas du tout. Astérix c’est ma culture. Par rapport à ce que je fais c’est différent. Il faudrait demander aux éditeurs pourquoi ils ont pensé à moi. Le lien n’est pas évident. Ils étaient fans de mes BD et ont jugé que cela pouvait coller. Là, je suis au service d’Astérix. J’ai vu passer des trucs comme quoi les gens sont parfois surpris. Le premier à l’être ça a été moi. Mais je connais bien l’univers d’Astérix. J’ai grandi avec lui.
Il y a eu un casting large ?
Je crois qu’ils avaient trois scénarios mais pas sûr. Anne Goscinny les a lus à l’aveugle. C’était un gros pitch d’une page avec une ébauche de story-board.
Donc toi, Dufaux et Van Hamme. Bravo. Non, je m’amuse.
(Rires) évidemment pas, mais c’est assez flou. Je ne sais pas qui étaient les autres. Peu importe. Anne m’a dit avoir lu les trois pitchs et qu’elle avait préféré le mien. On ne se connaissait pas avant. Je ne l’ai rencontrée que sur le projet.
Elle est très partie prenante de la plupart des choix et orientations.
Je ne suis pas au fait de tout cela. Elle connaissait mon travail et a été ravie que ce soit moi. Dès que j’ai su que c’était pour Astérix en revenant à Montpellier en train j’ai commencé à écrire. Le pitch est sorti à ce moment-là. Je leur ai montré en janvier 2022. J’ai bouclé ma première version du scénario fin mars. Depuis on est revenu souvent dessus. C’est un gros truc avec beaucoup d’allers-retours entre tout le monde.
Donc la sortie c’est le 26 octobre 2023. C’est une opération à chaque fois très cadrée.
Oui il y a un cahier des charges et c’est la première fois que je travaille comme cela. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Didier Conrad le dessinateur m’a dit « tu arrives du cinéma alternatif et là tu es à Hollywood. » Il y a le regard de l’éditeur, d’Anne Goscinny, de Sylvie Uderzo.
Ce n’est pas trop contraignant ?
Non parce qu’il y a eu plus de plaisir que de contraintes. Je savais qu’il faudrait faire des compromis et des concessions. J’ai dû en faire mais je me suis follement amusé. Généralement pour moi je gère tout de a à z. Là je bosse avec tous sur un seul projet et dans le même sens.
Pas trop stressant ?
Non pas vraiment. Depuis hier (le 20 décembre 2022 NDLR) et que tout le monde le sait, oui, c’est plus stressant. Mais sinon je n’ai pas senti la pression. J’ai fini ma partie. Je ne connaissais pas Didier Conrad non plus d’ailleurs.
Tu débarquais vraiment.
Oui je n’ai pas de lien, je ne connaissais personne, cela a été une énorme surprise. Et une grande émotion. Pas d’affinités, pas de piston, je débarquais comme un touriste. Conrad a bientôt fini le crayonné.
Donc question obligée, tu peux nous en dire plus sur le scénario ?
(Rires). Le seul truc que je peux dire c’est que pour respecter l’alternance aventure dans le village et grand voyage, le dernier album était un grand voyage. Donc cette fois ce sera plus axé sur le village. Mais attention il ne faut pas s’attendre à du Fabcaro. J’ai voulu écrire un scénario qui aurait plu à Goscinny.
Au service de Goscinny et d’Astérix ?
Il ne faut pas avoir d’ego dans ce genre d’exercice. Des gens seront peut-être déçus de ne pas retrouver du Fabcaro. J’ai voulu coller aux albums que j’ai aimé quand j’étais gamin.
Donc ce ne sera qu’un seul scénario signé Fabcaro ?
Un seul. Je sers d’intérimaire pendant que Ferri fait son De Gaulle. Il revient ensuite. Pour moi c’est une boucle temporelle, un cadeau au gamin que j’étais fou d’Astérix.
Et quoi d’autre en ce moment ?
Astérix m’a pris pas mal de temps. En BD pas grand-chose. J’ai écrit une pièce de théâtre pour un théâtre à Paris, un nouveau roman et un petit journal pour mon premier éditeur.
Plus l’édito dans Spirou ? Ce qui n’est pas rien.
On est totalement libre avec Fabrice Erre pour cet édito, jamais de contraintes. C’est très chouette.
Pour Astérix tu es fier non ?
Oui bien sûr, mais ce n’est pas que de la fierté, de l’émotion je l’ai dit et je suis très heureux de l’avoir fait.
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