On avait reçu Riad Sattouf à Montpellier pour le premier tome de l’Arabe du Futur et animé une rencontre avec lui. Il ne fallait pas être grand clerc pour déjà comprendre qu’il avait signé une œuvre atypique et brillante. Ce qui est aussi, on l’avoue, plus facile à dire à posteriori. Dans le tome 6, le dernier (Riad en avait annoncé trois en 2014) on est en 1994 jusqu’en 2011. Il a 16 ans et est mal dans sa peau. Il n’a pas et pour cause réglé ses problèmes familiaux, père, mère, frère enlevé en Syrie. La BD l’obsède, il fonce et le succès arrive. Pas vraiment un long fleuve tranquille sa vie mais, quoiqu’il en soit, un exemple à plus d’un titre. Courage, sincérité, honnêteté, talent, Riad Sattouf a accompli, et nous avec lui, un voyage extraordinaire en six volumes qui resteront une référence.
Il a 16 ans Riad, pas vraiment en pleine forme ni sûr de lui. Un ado dans toute sa splendeur. Son père est parti en Syrie en enlevant son frère. Un autre vit à Rennes avec lui et sa mère qui le trouve mou et apathique. Pas non plus la joie au collège où il fait des BD pendant les cours avec son copain Yoann. Pas de copine sauf une fille moche qui le drague. Des lettres de son père qui lui demande de venir en Syrie. En prison il se sent Riad, fait des rêves érotiques et a la trouille du service militaire qui existe encore. Il faut se faire réformer, se faire passer pour zinzin. Sa mère prend un avocat un peu bizarre qui assure qu’il va pouvoir récupérer le frère en Syrie. Mais c’est 30 000 euros. Faut que les grands-parents l’aident. Mais Papy Charles est sûr que l’avocat est un escroc. Il a raison ce qui ne vas pas arranger les choses dans la famille.
Ce qui fait une grande partie du sel de cette aventure, c’est la narration, les dialogues, la facilité avec laquelle on intègre le parcours de cette jeunesse au Moyen-Orient. Riad Sattouf dit tout, montre tout. Ses séances de psy sont un modèle car d’une authenticité totale. Sattouf ne joue pas son propre rôle. Il est Riad, un point c’est tout. On en revient à la sincérité, aux mille et un détails racontés. Sfar, Sapin, lui et Blain dans leur atelier parisien où on les avait rencontré pour une interview avec l’auteur de Quai d’Orsay. Les refus puis les débuts chez Delcourt qui sait dénicher les talents, la rencontre avec Émile Bravo, Guy Vidal dont on ne dira jamais assez quel grand éditeur il a été, et enfin les retrouvailles avec ce frère lointain, il n’y a rien à jeter dans cette suite et fin. On va presque regretter qu’elle se termine. Il va nous manquer ce rendez-vous où émotion, tendresse, humour mais oui, s’étaient donnés la main d’un côté avec Riad Sattouf de l’autre.
L’Arabe du Futur, Une jeunesse au Moyen-Orient, Tome 6 (1994-2011), Allary Éditions, 24,90 €
C est vrai, je viens de le lire et c’est probablement l un des meilleurs , le plus complexe, avec plusieurs thèmes adultes qui s entremêlent, le plus sombre mais aussi le plus lumineux. Bravo.
Une fin attendue et un peu en dessous des précédents volumes, mais une œuvre magistrale tout de même !