Pour être franc, fidèle lecteur de Spirou l’hebdo, on y avait découvert cette aventure édifiante du groom à houppette vu par Libon (Un Petit pas pour l’homme) chez les dérangés du bocal. Ce qui aurait d’ailleurs été un titre plus doux que Spirou chez les fous. Sacré Jul pour lequel on a une grande admiration et forte amitié, où a-t-il trouvé cette idée surprenante mais rigolote ? Le syndrome de Jérusalem est une réalité et bien compréhensible. Passer du Golgotha où a été crucifié le Christ (enfermé dans une église) par le chemin de Croix, arriver au Mur des Lamentations où prient les Juifs face au vestige du temple, puis monter par un court chemin latéral à l’esplanade des Mosquées référence des Musulmans, difficile déjà de rester indifférent au poids symbolique des lieux. Du vécu. Donc des touristes parfois disjonctent. Avec Spirou on en restera au syndrome d’Angoulême qu’on ne présente plus. Pour y avoir souvent vaqué fin janvier, il est vrai qu’on y a croisé des fans de BD investis par leurs héros. Donc de là à se prendre pour Largo Winch ou Tintin si ce n’est la Castafiore, il n’y avait que la largeur d’une case dessinée par Libon pour cet album qui dit tout avec humour sur ce très inquiétant phénomène.
Inquiet Spirou qui n’a plus de nouvelles de Fantasio parti en reportage en Poitou-Charentes rencontrer un mystérieux correspondant. Il ne répond pas au téléphone alors il décide d’aller à Angoulême. Spirou est persuadé qu’on vit dans un monde de cinglés. Il ne croit pas si bien dire car à Angoulême il y a une épidémie bien curieuse. Des fans de BD se prennent pour leurs héros. A l’asile qui est barricadé, le professeur Herquin-Frangé (gag gaga !) le reçoit et lui apprend que Fantasio est hospitalisé depuis une semaine car il s’imagine être le capitaine Haddock. Il souffre du syndrome de Jérusalem appliqué à la BD. Et il n’est pas le seul arrivé à Angoulême qui en souffre, devenus Schtroumpf ou Obélix.
Allez, on vous laisse découvrir dans quelle aventure épique Jul a embarqué le duo. Sacré professeur des timbrés, il en tient aussi une couche avec sa manie de vouloir décérébrer ses patients pour sa gloire et celle du 9e art réunies. Libon étonne agréablement avec un Spirou à la fois atypique et très dans la lignée. Il y a un mystère Fantasio à Angoulême et un album marrant, à la Jul. Désormais Angoulême n’aura plus le même visage.
Spirou chez les fous, Dupuis, 12,50 €
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